Plinio Corrêa de Oliveira

 

 

L'idolâtrie de la popularité

 

 

 

 

 

Extraits du livre En Défense de l’Action Catholique (*)

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Comme nous l'avons dit dans un autre chapitre, après les attitudes viriles et courageuses qu'il nous a données comme exemple, la récompense du Maître fut l’impopularité. Cette impopularité est pour beaucoup la honte suprême, l'épouvantail inspirateur de toutes les concessions et de toutes les retraites stratégiques, et la marque sinistre de tout apostolat échoué. Aux yeux du monde, l'impopularité de Notre Seigneur est devenue telle qu'on Lui considérait même malfaisant :

« Alors les gardiens s'enfuirent ; et venant dans la ville, ils racontèrent tout cela, et ce qui était arrivé aux possédés. Et voici que toute la ville sortit au-devant de Jésus, et, L'ayant vu, ils Le priaient de S'éloigner de leur territoire » (Mt 8,33-34).

Plus tard, Notre Seigneur prédit, à ses fidèles de tous les temps, l'existence inévitable d'ennemis:

« Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils ; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Et vous serez haïs de tous, à cause de Mon nom » (Mt 10,21-22).

Comme on le voit, la haine arrive au point de susciter une lutte féroce contre les disciples de Jésus. Et les accusations contre les fidèles seront terribles ! Cependant, ils ne devraient pas renoncer à une action apostolique audacieuse :

« Le disciple n'est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit au disciple d'être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur.  S'ils ont appelé le Père de famille Belzébul, combien plus ceux de Sa maison ! Ne les craignez donc point ; car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu. Ce que Je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce qui vous est dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits » (Mt 10,24-27).

Comme nous l'avons dit, les fidèles doivent être très reconnaissants de l'estime de leurs semblables, mais doivent mépriser leur haine lorsqu'elle est fondée sur l'aversion pour la vérité ou la vertu. Un apôtre doit désirer la conversion de son voisin, mais ne doit pas confondre la conversion sincère et profonde d’un homme ou d'un peuple avec les signes d'une popularité superficielle. Notre Seigneur accomplit ses miracles pour convertir, pas pour devenir populaire :

«Cette génération méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas» (Mt 12,39) dit-Il, indiquant ainsi qu’Il ne ferait pas de miracles inutiles pour leur conversion. Et, en effet, même si les miracles du Sauveur Lui auraient donné une certaine popularité, cela aurait été une popularité inutile car elle n'aurait pas procédé du désir de connaître la Vérité.

Combien  d'apôtres, néanmoins, font le possible et l'impossible pour devenir populaires, même au prix du sacrifice des principes ! Ils ignorent peut-être qu’ils perdent ainsi la béatitude que le Seigneur a promise à ceux qui sont haïs par les ennemis de l'Eglise en raison de leur amour de l'orthodoxie et de la vertu : «Bienheureux serez-vous lorsqu'on vous maudira, et qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de Moi. Réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les Cieux » (Mt 5,11-12).

Ne sacrifions, diminuons ou altérons jamais la vérité, aussi grande que soit la haine qui pourrait peser sur nous. Notre Seigneur nous en a donné l'exemple en prêchant la vérité et le bien, quitte à risquer l'emprisonnement :

« Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ?  Et aucun de vous n'accomplit la loi. Pourquoi cherchez-vous à Me faire mourir ?  La foule répondit : Vous êtes possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à Vous faire mourir ? Jésus leur répliqua et dit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés. Cependant Moïse vous a donné la circoncision (quoiqu'elle ne vienne pas de Moïse, mais des patriarches), et vous pratiquez la circoncision le jour du sabbat.  Si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre Moi, parce que J'ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice.

« Quelques-uns, qui étaient de Jérusalem, disaient : N'est-ce pas là Celui qu'ils cherchent à faire mourir ? Et voilà qu'Il parle publiquement, et ils ne Lui disent rien.  Est-ce que vraiment les autorités ont reconnu qu'Il est le Christ ? Mais Celui-ci, nous savons d'où Il est ; or, quand le Christ viendra, personne ne saura d'où Il est. Jésus criait donc dans le temple, enseignant et disant : Vous Me connaissez, et vous savez d'où Je suis.  Je ne suis pas venu de Moi-même ; mais Celui qui M'a envoyé est véritable, et vous ne Le connaissez pas. Moi, Je Le connais, parce que Je viens de Lui, et que c'est Lui qui M'a envoyé. Ils cherchaient donc à L'arrêter ; et personne ne mit la main sur Lui, parce que Son heure n'était pas encore venue » (Jn 7,19-30).


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