Le plus grand monument de tous les siècles qui ait été consacré à la Vierge Marie: le Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

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Le croisé du XXe siècle – Plinio Corrêa de Oliveira, par Roberto de Mattei, avec Préface de S. Em. Alfons Maria card. Stickler S.d.B. – L’Age d’Homme, 1997,  Chap. VII, n. 3

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Statue de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort dans la Basilique de Saint Pierre, au Vatican

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort naquit en Bretagne le 31 janvier 1673 et mourut à Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée, usé par les fatigues de l’apostolat, le 28 avril 1716 (1). Sa vie, comme on l’a observé (2), s’inscrit presque parfaitement entre les limites chronologiques (1680-1715) de la période traitée par Paul Hazard dans son œuvre, désormais justement classique, sur la crise de la conscience européenne (3). Grignion de Montfort fut béatifié par Léon XIII le 22 janvier 1888 et proclamé saint par Pie XII le 20 juillet 1947 (4). Il fut, affirma Pie XII, “l’apôtre par excellence du Poitou, de la Bretagne et de la Vendée” ; les Vendéens qui prirent les armes contre l’impiété révolutionnaire étaient les descendants des paysans que le grand saint, grâce à ses missions populaires, avait préservés des germes de la Révolution, si bien que l’on a pu même écrire naguère, sans exagération, affirme le même Pontife, “que la Vendée de 1793 était l’œuvre de ses mains » (5).

“Le grand ressort de tout son ministère apostolique, son grand secret pour attirer les âmes et les donner à Jésus, c’est la dévotion à Marie” (6). La sainte Vierge, en tant que Médiatrice entre Jésus-Christ et les hommes, fut l’objet de l’ardente méditation de Grignion de Montfort. Autour de la Médiation universelle de Marie, le saint français, selon Plinio Corrêa de Oliveira, “construisit toute une mariologie qui est le plus grand monument de tous les siècles qui ait été consacré à la Vierge Mère de Dieu” (7).

La rencontre entre Plinio Corrêa de Oliveira et saint Louis Marie Grignion de Montfort fut en quelque sorte une rencontre obligée. La dévotion à la sainte Vierge fut en effet une colonne de la spiritualité du Pr. Corrêa de Oliveira acquise dès l’enfance et dont il commença à saisir, à travers l’exemple de sa mère, un aspect particulier : la maternité divine (8). La très sainte Vierge écrivit le penseur brésilien – représente “la quintessence ineffable, la synthèse très vaste de toutes les mères qui ont existé, qui existent et qui existeront ; de toutes les vertus maternelles que l’intelligence et le cœur de l’homme puissent connaître ; plus encore, de ces degrés de vertus que seuls les saints savent atteindre et dont ils savent, eux seuls, s’approcher, s’élevant sur les ailes de la grâce et de l’héroïsme. Elle est la mère de tous les fils et de toutes les mères. Elle est la mère de tous les hommes. Elle est la mère de l’Homme. Oui, de l’Homme-D¡eu, du Dieu qui s’est fait Homme dans le sein virginal de cette Mère, pour racheter tous les hommes. C’est une Mère qui est définie par un mot – la mer – qui à son tour est à l’origine d’un nom. Un nom qui est un ciel : c’est Marie” (9).

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Notre Dame du Bon Conseil, Genazzano (Italie)

Plinio Corrêa de Oliveira, qui fut membre des Congrégations mariales et tertiaire carmélitain, durant toute sa vie connut, pratiqua et propagea les principales dévotions à la sainte Vierge : il récitait chaque jour le saint Rosaire, l’Angélus, le petit Office de l’Immaculée Conception ; il portait le scapulaire du Carmel et avait toujours sur lui la Médaille Miraculeuse révélée à Sainte Catherine Labouré ; mais entre toutes ces dévotions, il trouvait que la plus parfaite fût la consécration montfortaine, connue sous le nom d’ “esclavage d’amour” à la très sainte Vierge.

Le Père Antonio Royo Marín affirme qu’aucune autre dévotion mariale ne peut être comparée à celle promue par Saint Louis Marie dans le Traité de la vraie dévotion à la Sainte V¡erge » (10). C’est “le livre” par excellence qui renferme une “doctrine sublime” (11). “Ce petit traité – écrit à son tour le Père Garrigou-Lagrange – est un trésor pour l’Eglise, tout comme le résumé que le bienhereux en fit pour une religieuse avec le titre Le Secret de Marie” (12). “On peut dire – dit le Père de Finance – qu’avec lui l’idée de consécration a rejoint sa plus parfaite expression” (13).

Parmi les innombrables témoignages, significatif est celui de Jean-Paul II lui-même, qui a ainsi décrit le rôle joué par le Traité dans sa formation spirituelle :

“La lecture de ce livre a marqué dans ma vie un tournant décisif. Je dis tournant, bien qu’il s’agisse d’un long cheminement intérieur qui a coïncidé avec ma préparation clandestine au sacerdoce. C’est alors qu’est tombé entre mes mains ce traité singulier, un de ces livres qu’il ne suffit pas d’ ‘avoir lui’. Je me rappelle l’avoir porté longtemps sur moi, même à l’usine de soude, si bien que sa belle couverture était tachée de chaux. Je revenais sans cesse et tour à tour sur certains passages. Je me suis aperçu bien vite qu’au-delà de la forme baroque du livre il s’agissait de quelque chose de fondamental. Il s’est ensuivi que la dévotion de mon enfance et même de mon adolescence envers la Mère du Christ a fait place à une nouvelle attitude, une dévotion venue du plus profond de ma foi, comme du cœur même de la réalité trinitaire et christologique” (14).

Plinio Corrêa de Oliveira “découvrit” le Traité et se consacra à la sainte Vierge à l’âge de vingt-deux ans, après avoir fait une neuvaine à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour lui demander de progresser dans la vie spirituelle. Sa vie et son œuvre peuvent être considérées comme une méditation continuelle sur l’œuvre de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

S’il y a une œuvre d’où jaillit la ‘lumière intellectuelle pleine d’amour’ dont parle Dante, elle est celle de Grignion de Montfort” (15).

“Je pense ne pas me tromper en affirmant que le ‘Traité’, en essence, n’est que l’exposé de deux grandes vérités enseignées par l’Eglise dont il tire toutes les conséquences nécessaires. C’est à leur lumière qui s’éclaire son analyse de la vie spirituelle. Ces deux vérités sont la maternité de Notre Dame en relation avec le genre humain et la médiation universelle de Marie” (16).

Du Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge est né Révolution et Contre-Révolution dont l’auteur lui-même a énoncé les principaux points de contact avec le chef-d’œuvre montfortain (17).

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Le champignon atomique provoqué par la bombe éclatée à Hiroshima

Alors que la canonisation de Grignion de Montfort était imminente, tandis que les flammes de la bombe nucléaire consumaient Nagasaki et Hiroshima, Plinio Corrêa de Oliveira relevait le lien intime courant entre cet épisode et la diffusion de la “Vraie Dévotion” dans le monde :

Depuis deux siècles la bombe atomique du Catholicisme est prête. Le jour où elle explosera on comprendra la plénitude du sens du mot de l’Ecriture : ‘non est qui se abscondat a calore ejus’. Cette bombe, on l’appelle d’un nom très doux. Les bombes de l’Eglise, d’ailleurs sont des bombes montées par une main maternelle. Celle-ci s’appelle ‘Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge’. Il s’agit d’un petit livre d’un peu plus de cent pages. Chaque mot, chaque lettre y est un trésor. Voilà le livre des temps nouveaux à venir.  Nous répétons, la vraie dévotion est la bombe atomique faite pour ressusciter et non pas pour tuer. Dieu l’a placée entre les mains de l’Eglise en prévoyance des amertumes de ce siècle” (18).

Le penseur brésilien souligna toujours le caractère prophétique de saint Louis-Marie Grignion de Montfort et son actualité au XXe siècle :

Si quelqu’un me demandait d’indiquer un apôtre-type pour nos temps je lui mentionnerais, sans hésitation, le nom d’un missionnaire… mort il y a précisément 239 ans !” (19).

Saint Louis-Marie est donc moderne, comme serait, on ne peut plus moderne, le prophète Elie, parce que l’homme le plus adapté et adéquat à notre temps.

Adapté, bien sûr, mais entendu dans le sens qu’il sera ‘apte’ à lui faire du bien. Adéquat aussi, dans le sens de la maîtrise des moyens adéquats à le corriger. Et pour cela même, très moderne. Puisque moderne ne peut avoir nécessairement le sens de ressemblance avec les temps. Souvent peut-il avoir le sens contraire. Pour l’apôtre moderne signifie être en condition de faire le bien dans le siècle ou il vit…” (20). 

Vidéo-documentaire sur le pèlerinage du Prof Plinio à Saint Laurent-sur-Sèvre (octobre 1988) avec des membres de la TFP française et des TFPs d’autres pays

Vous pouvez voir un autre vidéo (2 minutes plus long) sur https://gloria.tv/media/EU5b1rDHN3t

Notes :

(1) Parmi les nombreuses biographies sur saint Louis Marie Grignion de Montfort, les meilleurs sont les plus anciennes. Cf. en particulier P.-J. PICOT DE CLORIVIÉRE, La vie de M. Louis-Marie Grignion de Montfort, Paris-St. Malo-Rennes 1785. Les œuvres principales du saint sont : L’Amour de la Sagesse Eternelle (1703-1704), les Lettres (1694-1716), les Cantiques (1700-1716), le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge et Le Secret de Marie (1712), Le secret admirable du très Saint Rosaire (1712), la Prière embrasée (1713), la Lettre aux amis de la Croix (1714), La Règle primitive de la Sagesse (1715), aujourd’hui recueillies dans les Œuvres complètes, cit. Il est reconnu en tant que fondateur et inspirateur spirituel par les Filles de la Sagesse, les Missionnaires de la Compagnie de Marie, les Frères de l’instruction chrétienne de Saint Gabriel. Le 8 juin 1981, les supérieurs généraux de ces familles religieuses adressèrent un appel à Jean-Paul II pour qu’il déclare saint Louis Marie Grignion de Montfort ‘docteur de l’Eglise’ “en considérant sa grande sainteté, l’éminence de sa doctrine et l’influence remarquable qu’il continue d’exercer dans l’Eglise universelle” (Lettre personnelle au Saint-Père).

(2) MARCO TANGHERONI, Introduzione à ST L. M. GRIGNION DE MONTFORT, Il segreto ammirabile del Santo Rosario, trad. it. Edizioni Cantagalli, Siena 1975, p. 7-8.

(3) P. HAZARD, La crise de la conscience européenne, cit.

(4) PIO XII, Homélie pour la Canonisation de saint Louis Marie Grignion de Montfort du 21 juillet 1947, dans DR, cit., vol. IX, p. 177-183.

(5) Id., p. 178

(6) Id., p. 182.

(7) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Prologue à l’édition argentine de Revolución y Contra-Revolución, Tradición, Familia, Propriedad, Buenos Aires 1970, p. 16.

(8) Sur la maternité divine de Marie, proclamée solennellement à Ephèse en 431, cf. J. COLLANTES SJ., La fede nella Chiesa cattolica, cit., p. 298-301.

(9) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, O serviço uma alegria, dans “Folha de S. Paulo”, 13 septembre 1980.

(10) ANTONIO ROYO MARÍN O.P., La Virgen Maria, BAC, Madrid 1953, pag. 367.

(11) Id., p.393.

(12) R. GARRIGOU-LAGRANGE O.P., Vita spirituale, Città Nuova, Roma, 1965, p. 254.

(13) JOSEPH DE FINANCE S.J., Consécration, dans DSp, vol. II, 2 (1953), col. 1383 (col. 1576-1383) ; JEAN WEEGER ANDRE DERVILLE, Esclave (spiritualité de l’), vol. IV, 1 (1960), col. 1067-1080; H. M. GEBHARD, La dévotion du Saint Esclavage du point de vue dogmatique, J. Poncet, Lyon 1967.

(14) JEAN-PAUL II, ‘N’ayez pas peur !’, dialogue avec ANDRÉ FROSSARD, Editions Robert Laffont, Paris 1982, p. 184-185. Le Père ERNESTO MURA, dans Il corpo mistico di Cristo (Paoline, Alba 1949, vol. II, pp. 131-133, 167-173), rappelle l’influence du Traité sur saint Pie X et sur son encyclique Ad diem illum du 2 février 1904.

(15) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Grignion de Montfort, dans “O Legionário”, n. 376 (26 novembre 1939)

(16) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Grignion de Montfort, dans “O Legionário”, n. 378 (10 décembre 1939).

(17) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Grignion de Montfort, articles cités ; ID., Pro Maria fiant maxima, dans “O Legionário”, n. 379 (17 décembre 1939) ; ID., Prologue à l’édition argentine de Revolución y Contra-Revolución, cit.

(18) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Grignion de Montfort, dans “O Legionário”, n. 689 (21 octobre 1945).

(19) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Doutor, Profeta e Apóstolo na crise contemporânea, dans “Catolicismo”, n. 53 (mai 1955). Cf. aussi ID., O Reino de Maria, realização do mundo melhor, dans “Catolicismo”, n. 55 (juillet 1955) ; ID., Exsurge Domine ! Quare obdormis ?, dans “Catolicismo”, n. 56 (août 1955), et l’article de CUNHA ALVARENGA (= JOSÉ DE AZEREDO SANTOS), Servo de Maria, amigo da Cruz apóstolo da Contra-Revolução, dans “Catolicismo”, n. 64 (avril 1956).

(20) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Doutor, Profeta e Apóstolo na crise contemporânea, cit.

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