Saint Marcellin Champagnat (6 juin) et son combat contre les principes révolutionnaires de 1789, le ramassis des enseignements des faux prophètes

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Saint Marcellin-Joseph-Benoît Champagnat, fondateur de la Société des frères maristes, né le 20 mai 1789, décédé le 6 juin 1840, béatifié par Pie XII le 29 mai 1955 et canonisé le 18 avril 1999 par Jean-Paul II

 

Promulguant le décret sur l’héroïcité des vertus pratiquées par Saint Marcellin Champagnat, le 11 juillet 1920, Benoît XV prononça une allocution dont voici des extraits :
« Il suffit de considérer les principes du XIXe siècle pour reconnaître que plusieurs faux prophètes apparurent en France, d’où ils se proposaient de diffuser partout l’influence maléfique de leurs doctrines perverses. C’étaient des prophètes qui prenaient des allures de vengeurs des droits du peuple, préconisant une ère de liberté, de fraternité, d’égalité. Qui ne voyait pas qu’ils étaient déguisés en brebis “in vestimentis ovium” ?
« La liberté préconisée par ces prophètes n’ouvrait pas les portes au bien, mais au mal ; la fraternité qu’ils prêchaient ne révérait pas Dieu comme Père unique de tous les frères ; et l’égalité qu’ils annonçaient ne se fondait ni sur l’identité d’origine, ni sur la même Rédemption, ni sur le destin commun à tous les hommes. C’étaient des prophètes qui prêchaient une égalité destructrice de la différence des classes désirée par Dieu dans la société ; c’étaient des prophètes qui appelaient frères les hommes pour leur enlever l’idée de soumission des uns vis-à-vis des autres ; c’étaient des prophètes qui procla­maient la liberté de faire le mal, d’appeler lumière les ténèbres, de confondre le faux et le vrai, de préférer le premier au dernier, de sacrifier à l’erreur et au vice les droits et les raisons de la justice et de la vérité.
« Il n’est pas difficile de comprendre que ces prophètes déguisés en brebis, devaient s’avérer intrinsèquement, c’est-à-dire en réalité, des loups rapaces : “qui veniunt ad vos in vestimentis ovium, intrinsecus autem sunt lupi rapacis” — ils s’approchent de vous déguisés en brebis, mais en réalité ce sont des loups rapaces.
« Il n’est pas étonnant que contre de tels faux prophètes une voix terrible résonne : prenez garde à eux, “attendite a falsis prophetis”.
« Marcellin Champagnat a écouté cette parole ; il a aussi compris qu’elle n’avait pas été prononcée seulement pour lui, et a pensé devenir son écho auprès des enfants du peuple, voyant que c’étaient les victimes les plus probables des principes de 1789, à cause de leur inexpérience et de l’ignorance de leurs parents en matière de religion. […]
« “Attendite a falsis prophetis” : voilà les paroles que répétait celui qui désirait ardemment arrêter le torrent d’erreurs et de vices qui, grâce à la Révolution française, menaçait d’inonder la terre. “Attendite a falsis prophetis” : voilà les paroles qui expliquent la mission que Marcellin Champagnat a embrassée ; paroles que celui qui veut étudier sa vie ne doit pas enfouir dans l’oubli.
« Il n’est pas sans intérêt de signaler que Marcellin Champagnat, né en 1789, fut précisément destiné à combattre, dans leur application pratique, les principes qui ont pris pour nom l’année de sa naissance, et qui ont ensuite obtenu une triste et douloureuse célébrité.
« Pour justifier son oeuvre, il lui aurait suffi de continuer la lecture de l’Evangile d’aujourd’hui, car d’un simple coup d’oeil sur les plaies ouvertes par les principes de 89 au sein de la société civile et religieuse, on constaterait que ces principes étaient le ramassis des enseignements des faux prophètes : “a fructibus eorum cognoscetis eos”. […]
« La multiplication des maisons des Petits Frères de Marie [Frères maristes] et la bonne orientation des jeunes qui y sont accueillis, furent sans aucun doute aidées par Notre Dame, dont une image apparut, puis disparut, pour être finalement retrouvée. Véritablement merveilleux fut cet envol, explicable seulement par l’essor qui le suivit, lui-même si extraordinaire qu’avant le dixième lustre de la fondation, cinq mille religieux du nouvel Institut dispensaient déjà une saine instruction à cent mille garçons éparpillés sur toutes les régions du globe.
« Si le vénérable Champagnat avait pressenti, grâce à une lumière prophétique, un effet si admirable, il se serait lamenté sans aucun doute devant le nombre exorbitant de jeunes garçons qui restent aujourd’hui submergés par les ombres de la mort et les ténèbres de l’ignorance ; et il aurait déploré de n’avoir pu empêcher davantage le développement néfaste de la semence pernicieuse répandue par la Révolution française. Un sentiment de gratitude profonde envers Dieu pour le bien accompli par sa Congré­gation l’aurait cependant forcé à reconnaître que, de la même façon que l’on pouvait déduire la fausseté des enseignements de certains prophètes, ses contemporains, aux fruits pernicieux qu’ils dispersaient, la maturation des bons fruits de son oeuvre prouvait sa bonté : “igitur ex frutibus eorum cognoscetis eos ” (L’Osservatore Romano, 12/13-7-1920, 2e éd.). » (apud Noblesse et élites traditionnelles analogues dans les allocutions de Pie XII au Patriciat et à la Noblesse romaine, Plinio Corrêa de Oliveira, Société Française pour la Défense de la Tradition, Famille et Propriété (TFP), Paris, Septembre, 1995, 2ème édition française, Appendice II, n. 6, pages 215-216).

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