« La commission sénatoriale américaine chargée d’étudier les problèmes liés à la vieillesse » … C’est ainsi que commence un article que j’ai lu il y a peu. Pour la plupart des lecteurs, le simple nom de cette commission a dû susciter un sentiment de soulagement et de sécurité. Nous avons tous en nous la notion plus ou moins explicite – mais en tout cas très douloureuse – de la complexité et de la dureté de la vie contemporaine.
Dans le tourbillon et l’agitation de nos Babylones urbaines, nous percevons de temps à autre des « flashs » du désarroi de la vieillesse. Tantôt c’est une pauvre vieille femme debout sur le trottoir, hésitant à traverser ou non la rue agitée, avec une appréhension analogue à celle de l’alpiniste devant l’abîme qui hésite à sauter. Tantôt, plus loin, c’est un vieillard épuisé qui mendie discrètement.
Mais le drame de la vieillesse ne touche pas seulement les pauvres. Il existe aussi le drame de la vieillesse aisée, que l’on perçoit en passant devant certaines demeures luxueuses, qui semblent inhabitées. Quelque chose d’indéfini nous laisse voir que la plupart des volets fermés ne s’ouvrent plus depuis longtemps, que le portail du jardin et la porte de la maison ne sont que rarement franchis par quelqu’un. On se demande pourquoi cette habitation sympathique et mélancolique n’a pas encore été rasée pour céder la place à un immeuble d’appartements sans âme. Mais l’explication n’est pas difficile. De la lumière provient d’une ou deux pièces. Il y a encore quelqu’un qui vit dans la maison. C’est le vieux propriétaire, ou la vieille propriétaire, qui, dans la solitude, finit sa vie. Le conjoint, la mort l’a emporté. Les enfants, les petits-enfants, l’égoïsme – sous forme de divertissement ou de profit – les ont dispersés. Combien de mendicité de compréhension et d’affection gémit le vieillard, dans son abondance inutile pour lui.
Et ainsi, mille autres situations nous entourent dans lesquelles nous voyons la vie moderne fustiger les personnes âgées. Il nous semble donc sympathique et intelligent d’examiner dans son ensemble cette montagne de douleurs qu’est la situation des personnes âgées aujourd’hui. Et, ajoutera quelqu’un, également l’idée de constituer une commission sénatoriale pour traiter le problème.
Sur ce deuxième point, je me confesse plus retenu. Plus le temps passe, plus il devient évident que ce n’est ni par la technique, ni par l’État, ni donc par les commissions sénatoriales ou non sénatoriales, que ces cas se résolvent dans toute leur profondeur.
Par exemple, le lecteur sait-il comment cette commission sénatoriale a orienté ses études « protectrices » ? Elle s’est penchée sur le problème de l’euthanasie. Et comme on pouvait s’y attendre, un certain nombre de ses membres, au titre de la protection, se sont mis à défendre le droit des personnes âgées au suicide, celui des médecins à tuer les personnes âgées, etc. Belle solution pour le malade : lui mettre entre les mains une arme pour qu’il se tue ! Ou décourager le médecin de lutter contre la maladie jusqu’au bout… !
Mais ce n’est pas tout. Un éminent médecin de Floride s’est présenté à la réunion, non pas avec un stéthoscope ou une seringue, mais avec un crayon et du papier. Et le papier était couvert de calculs. Ce citoyen prouvait que si l’euthanasie était appliquée à 1 500 patients dans un état désespéré, cela permettrait d’économiser 5 millions de dollars, qui pourraient être mieux utilisés pour soigner des patients guérissables. Ainsi, pour cet éminent médecin, l’argent pour soigner les malades ne doit pas provenir de la poche des personnes valides, mais du sacrifice des invalides.
Des malades incurables. Un vieillard de 90 ans ne l’est-il pas ? Alors, euthanasie pour lui. Mais pourquoi 90 ans ? Le même concept ne s’applique-t-il pas aux personnes âgées de 85 ans ? Et à celles de 80 ans ? En fin de compte, ne vaudrait-il pas mieux abaisser la moyenne à 70 ans, voire 65 ans ? Cela permettrait d’augmenter encore davantage le nombre de dollars économisés pour soigner les individus en état de produire.
Pauvres vieillards, voilà leurs protecteurs ! Voilà où peuvent mener l’État païen et la technique païenne, ces deux idoles de notre siècle socialiste.
Mais alors, me demandera-t-on, quelle est la solution ? Reculer de la civilisation néopaïenne, pour laquelle la société n’est qu’une simple industrie et l’homme une simple pièce de machine, vers la civilisation chrétienne dans laquelle la société est considérée comme une famille et l’homme comme une créature de très haute dignité, créée à l’image de Dieu et rachetée par le précieux sang de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est alors que pourront surgir les conditions permettant aux personnes âgées de vivre des jours heureux et sereins en attendant sur terre l’heure du Ciel.