Plinio Corrêa de Oliveira

 

AMBIENCES, COUTUMES, CIVILISATIONS

Deux styles, deux façons d'être

 

 

"Catolicismo" Nº 13, Janvier 1952 [*]

  Bookmark and Share

La Princesse Elisabeth, héritière du trône d'Angleterre, et Mme Eva D. Perón, épouse du général Perón, président de la République argentine, sont sans doute les deux figures féminines les plus remarquables de la vie politique internationale en 1951.

Très actuelle à tous points de vue, la Princesse Elisabeth représente de manière frappante la dame du vingtième siècle formée sous l'influence des traditions encore vivantes à notre époque, et surtout en Angleterre. Le peuple anglais voit en elle le symbole de sa gloire, l'expression de la finesse, de la grâce, de la supériorité simple et noble de la "gentry" de son pays, la représentation visible et sensible de ce que la nation peut produire de plus idéalement racé. Leur très authentique supériorité est illuminée par les charmes d'une affabilité attrayante et communicative. Sa popularité est immense, et même unanime : en Angleterre, on s'oppose au ministère, mais pas à la monarchie, et encore moins à la souriante et charmante héritière du trône.

 

Mme Eva D. Perón incarne dans sa figure, ses gestes et son attitude, un « style » également caractéristique de notre époque, mais entièrement différent.

Militant dans la vie politique avec aisance, et avec une ardeur et une assiduité peu communes même chez les hommes, ancienne actrice et encore aujourd'hui oratrice populaire vivante et pleine de ressources, considérée avec beaucoup de froideur par les familles traditionnelles qui cultivent la distinction et les manières pour lesquelles la société de Buenos Aires est devenue célèbre, Mme Eva Duarte Perón est l'idole du mouvement syndical, des masses "descamisadas" auxquelles elle s'identifie par tout et en tout.

L'une et l'autre, la princesse et la chef de files des "descamisados", représentent des idéaux, des principes, des mondes en conflit parfois conscient et violent, parfois inaperçu, mais permanent, dans tous les pays d'aujourd'hui. Comparer ces deux figures féminines, considérées non pas personnellement mais comme des « types » n'est donc pas comparer deux nations mais deux manières d'être qui existent dans tous les pays.

S'agit-il de comparer deux classes sociales ? Ni l'un ni l'autre, car les deux « styles » peuvent être réalisés du haut en bas de l'échelle sociale. Pour ne citer qu'un exemple, la bienheureuse Anna Maria Taigi, simple cuisinière des princes Colonna à Rome au siècle dernier, attirait l'attention des passants non seulement par sa piété mais aussi par la vénérabilité de sa figure. Et nous connaissons tous dans les campagnes des campagnards rudes et pauvres, présidant à la vie de leur famille avec la noblesse des patriarches d'autres temps.

Nous insistons : ce qui ressort de cette comparaison, c'est la différence entre deux « styles », deux manières d'être.

 

Bookmark and Share