Plinio Corrêa de Oliveira

AMBIANCES, COUTUMES, CIVILISATIONS

Tradition chrétienne et fermentation

révolutionnaire dans l'expression physionomique

 

"Catolicismo" N. 118 - Octobre1960

  Bookmark and Share

On ne peut considérer la figure de notre premier cliché sans éprouver un profond respect. Il s'agit d'une vieille mère de famille, avec toute l'apparence de celle qui a passé son existence dans l'atmosphère digne et sainte du foyer. Le dévouement aux siens, la tempérance, une fraîcheur d'âme qui lui permet de savourer les joies chastes de la vie domestique, et de participer sans ennui ni paresse aux travaux qui lui sont inhérents : tout, en somme, chez cette humble fileuse de Sardaigne, inspire un respect sincère et une sympathie cordiale.

Ceux qui l'observent se rendent compte, en outre, qu'elle a l'habitude de vivre entourée du respect général, et que malgré sa douceur maternelle, elle est suffisamment consciente de sa dignité pour s'imposer à ceux qui veulent lui manquer de considération.

Néanmoins, elle est satisfaite de son état : elle ne veut pas être, ou paraître, cultivée, noble ou riche. Bien qu'elle accepte la hiérarchie sociale, elle est consciente de sa dignité essentielle d'une créature humaine, d'une fille de Dieu rachetée par Notre Seigneur Jésus-Christ. Et elle s'en satisfait sagement, selon l'état dans lequel la Providence l'avait fait naître.

*   *   *

Au musée des Beaux-Arts de Lyon, on conserve ce tableau de David : une maraîchère, c'est-à-dire une femme qui plante de légumes dans un terrain marécageux. C'est le type classique des harpies qui ont été actives dans la Révolution française.

Alors que la fileuse sarde est toute affection, dignité, tempérance et paix, cette virago est toute haine, rébellion, intempérance et agitation. Son ambiance habituelle n'est pas la maison, mais la rue. Son regard semble crépiter de flammes intérieures et ses lèvres pleines d'amertume viennent de proférer une insulte. Et une autre est déjà en train d'éclore en eux. On ne dirait pas que leurs bras sont faits pour bercer des enfants, mais pour brandir dans la mêlée quelque vieux sabre ou un morceau de chaise.

*   *   *

Deux femmes qui créent autour d'elles des ambiances différentes, qui pratiquent des coutumes opposées, représentent deux civilisations irréconciliables : la Civilisation chrétienne et la civilisation révolutionnaire néopaïenne... dans la mesure où cette dernière peut être appelée civilisation.

*   *   *

La créature humaine est ce qui est le plus typique en matière d’ « ambiances, coutumes, civilisations ». Néanmoins, il est parfois plus difficile d'interpréter la signification d'une physionomie que celle d'un meuble ou d'un bâtiment...

Bookmark and Share