Plinio Corrêa de Oliveira

 

 

Garde, que dis-tu de la Nuit ?

 

 

 

 

 

 

TFP Newsletter, Special Issue, 1985 (*)

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Le Pr Plinio Corrêa de Oliveira s’adresse aux participants du Congrès National de la TFP américaine, en automne 1985, par un discours enregistré au magnétoscope : 

HONORABLE Président, Honorables Membres du Conseil, Honorables Membres et Chers Coopérateurs et Correspondants de la TFP Américaine :

Je vous salue chaleureusement au moment de l'ouverture de votre grande Conférence au cours de laquelle vous allez étudier des thèmes d'immense intérêt et importance non seulement pour vous et votre grand et beau pays, mais aussi pour la destinée de toute l'humanité.

Vous allez étudier la tempête contemporaine comme elle sévit aux Etats-Unis ; puis vous étudierez comment cette tempête est dans le reste du monde. Enfin vous étudierez les liens entre les deux, afin d'avoir une vue générale des énormes problèmes que la TFP rencontre dans sa mission spécifique de lutte contre le communisme et de défense des valeurs de la Civilisation Chrétienne et de l’Eglise –  tradition, famille et propriété – afin de remplir cette mission dans la tempête qui grossit constamment.

Je vous félicite d'avoir démontré la profondeur de votre âme et de votre désir désintéressé de servir. Au milieu de la prospérité nord-américaine, au milieu de l'aisance de la vie nord-américaine, au milieu de la jouissance de la puissance universelle que la Providence a déposée dans les mains de votre pays – peut-être dans des proportions plus grandes que nulle part ailleurs dans le passé – au milieu de tant de circonstances favorables qui pourraient vous bercer jusqu'a dormir dans le confort de la prospérité matérielle, à ce moment précisément, vous vous rassemblez pour vous demander les uns aux autres : « Custos, quid de nocte ? » – « Garde, que vois-tu dans la nuit ? »

Chacun de vous est comme une sentinelle dévouée de la cause sacrée qui parcourt le vaste système de murs qu'il a la charge de défendre, pour scruter ce qui se passe durant la nuit. Et vous vous retrouvez, vous vous considérez les uns les autres comme des gardiens, et vous vous demandez les uns aux autres pendant cette nuit qui est tombée sur votre pays, pendant cette « Bonne Nuit ! » du monde contemporain, « O Garde, mon collègue, mon ami, mon frère! O Garde! Quelles nouvelles me donnez-vous de ces ténèbres ? »

Vous ferez une analyse détaillée des circonstances du monde d'aujourd’hui et vous vous demanderez à vous-mêmes, fermement, courageusement, sans pusillanimité, regardant vers le futur choisi par la Providence, où cela vous conduit et quel est votre devoir.

Vous ne renoncerez pas. De cela j'en suis certain parce que je sais comment vous pensez et je connais vos travaux. Vous ne succomberez pas à quelque vain et morbide pessimisme ; vous ne succomberez pas à quelque défaitisme ; vous éviterez soigneusement ces omissions voilées qui ont si souvent marqué la défaite du bien dans l'histoire de la Révolution et de la Contre-révolution. Vous désirez savoir où sont les problèmes parce que c’est là que vous voulez être. C'est à la recherche du champ de votre devoir que vous demandez : « Garde, garde, garde ! Que me dis-tu de cette nuit ? »

Que Notre Dame vous aide par son intercession céleste et toute puissante devant Dieu, car toutes ses requêtes trouvent grâce devant Lui. Qu'Elle vous aide et vous assiste dans tous ces travaux. Qu’Elle vous prodigue cet esprit de valeur, de courtoisie, de dévouement, de courage et de constance qui devrait caractériser tous les vrais Catholiques Apostoliques Romains.

Ce courage n’est pas surtout un courage physique, du moins pour le moment. C'est plutôt un courage de l'âme. C'est le courage de voir tant de ruines, de voir, on serait tenté de dire, que l'Abomination de la Désolation s'apprête à siéger au cœur du sanctuaire, jusque dans le lieu saint. C'est de voir avec intrépidité de si épouvantables circonstances, gardant à l’esprit la promesse de Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ, que personne ne démentira : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai Mon Eglise et les portes de l`enfer ne prévaudront pas contre elle. »

C'est pourquoi, certains de l'indestructibilité de cette Eglise – pourtant aux prises avec des germes internes de destruction en des endroits tragiques et dans des proportions encore jamais vues – vous prendrez à cœur, avec un courage qui s’appelle humilité et confiance en la Divine Providence, avec le désir de donner de vous-mêmes et de faire des sacrifices, de vous immoler, de voir les choses en face et, de remplir votre devoir jusqu'à la fin, soutenus par un amour dévorant et par le désir de servir seulement Dieu et Notre Dame.

C’est pourquoi je me réjouis à l'avance des résultats de votre Conférence. Ces résultats seront d’un grand intérêt pour votre pays ; cela seul est déjà un grand avantage. Mais au delà, ils seront d’un grand intérêt pour le monde entier en raison du pouvoir de rayonnement de l’influence américaine dans les trois Amériques et dans le reste du monde. Ces résultats produiront le fruit abondant du sérieux, de la résolution et de la fermeté à une époque où, dans votre pays et à travers le monde, la guerre psychologique déclenchée par Moscou – guerre que nous appelons à juste raison « guerre psychologique révolutionnaire » – essaye de vous amener à faire des concessions que l'on pourrait bien appeler suicidaires.

A deux pas de chez vous vous avez le cas du Nicaragua. Un peu plus loin, vous avez le cas déjà ancien de Cuba. O Américains, vous assistez aux efforts continuels des communistes russes pour infiltrer l’Amérique du Sud. Pas si loin du Nicaragua, en Colombie, ils s'efforcent d'en faire autant au moyen d’une activité de guérilla qui frôle de plus en plus la guerre réelle, mais qui de temps en temps s'apaise, s'éteint et prend des allures de paix. En Colombie, existe le danger d’un brusque changement de situation et d’une violente agression communiste.

Au même moment, le Venezuela, dont les côtes sont baignées par les mêmes eaux des Caraïbes que les vôtres, a un gouvernement qui affiche de plus en plus clairement ses visées de gauche.

Cela et bien d'autres facteurs en Amérique du Sud laissent à penser que toute l'Amérique aura à faire face à de dures épreuves cette année et que c'est à vous et à votre pays qu'il incombe d'aider tous ceux qui, dans ces épreuves, combattent pour l'Eglise et la Civilisation Chrétienne.

Les jours approchent qui nous invitent à la réflexion dans un autre domaine. Ils nous invitent à la réflexion et à l'action. Jean-Paul II va convoquer un consistoire pour délibérer du gouvernement de l'Eglise. Aussitôt après, il appellera à l’auguste rassemblement du Synode, représentant tous les évêques, pour délibérer des vingt ans d'application de Vatican II. Prions pour qu'à cette occasion le Souverain Pontife et tous ceux qui étudieront et prieront avec lui, soient éclairés tout spécialement par le Saint Esprit, car, indépendamment du résultat, le destin du monde dépend davantage du Trône de Saint Pierre que de toute puissance terrestre.

C'est de ce sommet d’où partent les ordres, les œuvres de sagesse et de sainteté, ainsi que les positions correctes qui peuvent sauver les hommes. Malheureusement les omissions et tous les coefficients de misère humaine peuvent aussi émaner de cette hauteur, et bien qu'ils n'ébranlent ni le caractère divin, ni l’existence de Notre Sainte Mère l'Eglise, ce sont de sombres souillures que Dieu permet dans les épisodes de son histoire. Prions, mes chers amis, que dans cette situation le Saint Esprit accorde une aide particulière à la Sainte Eglise Catholique Apostolique et Romaine.

Il m'est tout particulièrement cher de noter la présence parmi vous du grand théologien le R.P. Victorino Rodríguez, illustre personnage dont j'admire le talent et de la vertu duquel j'ai beaucoup entendu parler par un ami commun très cher, M. João Clá Dias. De loin je lui rends l'hommage de mon admiration et de mon amitié. Je profite aussi de cette occasion pour saluer [le R.P. José Luís Villac] le prêtre, le chanoine, le directeur exemplaire des âmes que j'ai un jour dans sa jeunesse accompagné à l'autel. Heureux et mémorable jour que celui où j'ai été le parrain de son ordination ! Depuis lors, tant d'années se sont écoulées dans une harmonieuse et continuelle collaboration si féconde en fruits et en œuvres ! Comment ne pourrais-je pas lui présenter mes hommages et mes compliments, à lui qui, avec le R.P. Victorino Rodríguez, est un ornement de la Conférence à laquelle vous assistez.

A vous tous, mes amis et particulièrement aux dames, dont la présence rehausse l'éclat de la Conférence qui va commencer, j'envoie mes meilleurs souhaits. 


(*) Ce numéro spécial de la « TFP Newsletter » américaine est également envoyé aux lecteurs du « Bulletin des 15 TFP », étant donnée l’importance des matières qui y sont traitées. – The American Society for the Defense of Tradition, Family and Property.

Pour contacter à la TFP française : http://tfp-france.org/


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