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     Chapitre IV La «révolution 
     
    1. Procès à toutes les gloires du passé espagnol 
    Tant que les Espagnols resteront pénétrés du souvenir des 
    grandeurs et des splendeurs de leur passé chrétien, la révolution culturelle 
    socialiste ne pourra atteindre son objectif de complète transformation du 
    pays. 
    C'est pourquoi la propagande révolutionnaire s'efforce 
    d'instiller chez les Espagnols un complexe d'infériorité vis-à-vis de leur 
    Histoire. Détachés du contexte où ils ont vécu, dénigrés, déformés et rendus 
    inexplicables, les saints, les héros et toute la geste de l'Espagne 
    catholique sont l'un après l'autre mis sur la sellette. 
    L'un de ces saints n'est autre que l'Apôtre Saint Jacques, 
    patron de l'Espagne. La télévision espagnole (TVE) le traite avec mépris 
    comme un «mythe», pendant que le gouvernement supprime le jour férié attaché 
    à sa fête[1]. 
    La geste de la Reconquête est elle aussi mise en jugement. 
    L'Espagne, au nom de la Foi catholique et en légitime défense, a expulsé 
    l'envahisseur musulman après huit siècles de luttes héroïques. L'ex-mosquée 
    de Cordoue, symbole éloquent de la Reconquête, transformée en Cathédrale par 
    les vainqueurs, est spécialement visée par ce procès. Des cercles influents 
    et nombreux, jusque dans le haut clergé, ne se réfèrent plus à elle 
    autrement qu'à la «cathédrale-mosquée», expression à saveur de convergence 
    et de faux oecuménisme[2]. 
    Aujourd'hui, on en est à revendiquer – non seulement dans 
    les milieux musulmans, mais aussi dans des cercles espagnols – la 
    «dévolution» de cet édifice sacré aux musulmans. Dans le quotidien El Pais, 
    Francisco Umbral s'exclame : «la mosquée est un scandale de cinq siècles». 
    Il conclut que le douzième centenaire «sera le moment de faire la 
    reconversion artistique, religieuse et historique de la mosquée, en la 
    lavant de ses adhérences catholiques et impériales»[3]. 
    On ne pouvait manquer d'accuser aussi les figures les plus 
    caractéristiques de la Contre-Réforme. A ce titre, l'un des symboles 
    historiques que l'on cherche à démolir est le roi Philippe II. Voyons un 
    exemple. 
    A l'Escurial, s'est déroulé un acte solennel de réparation 
    envers la Hollande pour la politique suivie par Philippe II dans les 
    Pays-Bas, dans sa guerre contre l'expansion du protestantisme. 
    En qualité d'orateur de ce triste événement, et devant 
    LL.MM. les Rois d'Espagne et la Reine de Hollande, l'ex-ministre des 
    Relations extérieures, José Maria de Areilza, a présenté Guillaume le 
    Taciturne, adversaire et traître de l'Eglise et de l'Espagne[4], 
    comme un modèle d'homme d'Etat : «le prototype du gouvernant moderne, du 
    politicien qui conduit l'Etat avec des critères de tolérance et de respect»[5]. 
    A l'opposé, dans le même discours, Philippe II – que 
    Sainte Thérèse d'Avila a appelé «le Saint Roi»[6] 
    –, a été taxé de souverain intolérant, qui «a rempli de sang, de bûchers et 
    d’échafauds les villes et les bourgs des sept provinces»[7]. 
    Dans son zèle à diffamer ce grand monarque, Areilza a assumé sommairement la 
    représentation de toute la nation : «Aucun Espagnol d’aujourd’hui n’approuve 
    ni ne justifie cette accumulation de cruautés aussi inutiles qu'injustes»[8]. 
    Un autre événement «réinterprété» est la conquête et 
    l'évangélisation de l'Amérique. Déjà en octobre 1984, dans une émission de 
    TVE où l'on faisait l'éloge de la colonisation anglaise en méprisant 
    l'oeuvre espagnole, un professeur d'Histoire a affirmé : «ce que l'Espagne a 
    fait là-bas, ce fut de tuer des hommes, d’effacer des cultures, d’imposer 
    par la force sa langue et sa religion»[9]. 
    Sans que le fait ait soulevé une indignation significative, TVE a pu ainsi 
    tranquillement dénigrer la patrie espagnole, dans des termes qu'anciennement 
    on n'entendait que dans la bouche de ses pires détracteurs étrangers. 
    Dans le même sens, le journaliste Horacio Senz Guerrero a 
    dénoncé dans La Vanguardia l'existence d'un mouvement anti-hispanique, promu 
    par des Espagnols à propos du Ve centenaire de la Découverte de l'Amérique. 
    Selon ce qu'il a pu constater, d'ici 1992, on tentera de présenter la 
    colonisation du Nouveau Monde comme un «comportement génocide des Espagnols 
    en Amérique»[10]. 
    Fidel Castro n'a pas perdu l'occasion de se joindre à 
    cette campagne diffamatoire, en qualifiant le 12 octobre 1492 comme une 
    «date funeste et néfaste», où «a commencé l’une des pages les plus honteuses 
    de l’Histoire Universelle»[11]. 
    
     
    2. Famille : destruction de ses fondements institutionnels 
    et subversion au foyer 
    Les néo-révolutionnaires, qui veulent détruire tout ce qui 
    reste encore de l'ordre social chrétien, ne pouvaient manquer d'attaquer la 
    famille. 
    La famille chrétienne inspire aux enfants l'amour des 
    inégalités légitimes, elle leur inculque le sens du devoir et l'habitude de 
    la discipline; elle oriente leurs âmes vers la vertu et l'ordre, en les 
    préservant de l'esprit de révolte, de l'égalitarisme et de l'anarchie. 
    Même en ces jours d'indéniable décadence, l'institution 
    familiale est encore un obstacle à l'oeuvre de démolition de la révolution. 
    Le freudo-marxiste Wilhelm Reich, un des théoriciens de la 
    révolution culturelle, qualifie la famille de «fabrique de structures 
    mentales conservatrices» et de «creuset idéologique de l'ordre social»[12]. 
    Ainsi, pour transformer la société, le socialisme a besoin 
    de détruire la famille. 
    
     
    a) Avortement 
    Le PSOE est arrivé au pouvoir imprégné de cette doctrine 
    contraire à la famille[13]. 
    Dès les premiers mois, il fit approuver la loi de l'avortement[14]. 
    Maintenant, il prépare l'opinion publique pour qu'elle accepte sans heurt la 
    libéralisation complète mais progressive de celui-ci. Viendra ainsi le jour 
    de l'avortement libre et gratuit. Il viendra sans à-coups, si on applique 
    avec succès la stratégie socialiste de n'avancer que dans la mesure où le 
    consensus social le permet. 
    
     
    b) Féminisme 
    En revendiquant les droits qui seraient refusés à la femme 
    par l'actuel ordre de choses, le féminisme subvertit en réalité l'ordre des 
    valeurs au sein de la famille et constitue un puissant facteur de 
    désagrégation familiale. On ne s'étonne donc pas que la promotion du 
    féminisme figure au programme du PSOE, soucieux de «libérer les énergies 
    révolutionnaires». 
    D'après le PSOE, «l'idéologie dominante [impose] un modèle 
    de comportement féminin qui lui est indispensable pour maintenir et 
    transmettre des relations sociales basées sur la propriété privée et la 
    cellule familiale»[15] 
    (62). Le socialisme s'allie donc opérativement au féminisme, un des nouveaux 
    mouvements «culturels» libérateurs attachés à éliminer cette oppression. 
    C'est pourquoi, a-t-il affirmé au XXIXe Congrès, «le parti socialiste doit 
    assumer comme son idéologie propre tout ce qu'il y a de libérateur dans le 
    féminisme (...). Tout cela sans crainte de se rapprocher de positions qui à 
    un moment donné pourraient apparaître comme très avancées (...) mais que 
    nous savons justes et qui, peu à peu, sont assimilées par la société»[16]. 
    Rappelons que les courants les plus actifs du féminisme espagnol, dont le 
    PSOE se sent si proche, vont jusqu'à soutenir que «la famille doit 
    disparaître totalement»[17]. 
    
     
    c) Education sexuelle 
    Le PSOE a pour objectif la généralisation d'une «éducation 
    sexuelle à tous les niveaux de l’enseignement (maternelle, primaire, etc.)»[18]. 
    Il vaudrait mieux dire corruption morale, car cette pseudo-éducation a pour 
    fondement un hédonisme radical : «la sexualité doit être considérée comme 
    une dimension agréable, la communication humaine, indépendante de la 
    reproduction. Par conséquent, il ne pourra y avoir libre accès au plaisir 
    sexuel tant qu'il existera la crainte d’une grossesse non désirée»[19]. 
    Les jeunes soumis à une éducation sexuelle de ce type 
    seront-ils en condition de constituer des familles qui soient effectivement 
    des piliers de l'ordre social ? 
    Les exemples ci-après permettent de comprendre où l'on en 
    sera arrivé si cette éducation sexuelle se généralise à toute l'Espagne. 
    Dans le collège Pablo Picasso de Terrassa (Catalogne), un 
    programme d'éducation sexuelle a été mis en route. Il commence à la 
    maternelle, où les enfants des deux sexes doivent jouer et se rouler par 
    terre ensemble «pour connaître les corps et apprécier les sensations de 
    plaisir». Au long des cours, on explique tout ce qui concerne les méthodes 
    contraceptives : «Pendant le programme, les enfants apprennent que les 
    relations sexuelles sont faites pour jouir et que, si on ne veut pas être 
    père ou mère, on peut l’éviter». Les professeurs de cette école considèrent 
    que leur initiative constitue «une expérience libératrice»[20]. 
    On voit aussi se répandre les cours d'éducation sexuelle 
    extra-scolaire. La municipalité de Coslada, aidée par une «société 
    sexologique» de Madrid, en a organisé un, qui faisait partie du Plan de la 
    Jeunesse, comme «expérience» pour 700 élèves de 14 collèges. La journaliste 
    Carmen Santamaria informe : «Les enfants adhéraient à une série de mythes 
    sociaux de caractère réactionnaire, autour de la virginité, de 
    l'homosexualité et de l'assujettissement de la femme au mâle (sic) dans le 
    couple»[21]. 
    Il s'agit donc d'imposer une nouvelle doctrine, qui détruise les «mythes» 
    sur la pureté, la virginité, l'honneur, le péché contre nature, etc... 
    
     
    d) Centres diffuseurs d'une «morale» anti-familiale 
    La famille est attaquée aussi sous d'autres aspects. La 
    fondation des Centres de Planning Familial et des Centres d'Assistance à la 
    Femme ont été un pas initial important[22]. 
    En plus de propager les méthodes contraceptives, ils fonctionnent comme de 
    véritables temples d'une morale désaliénée et anti-familiale. Le personnel 
    engagé pour ces centres, selon la résolution du XXIXe Congrès du PSOE, 
    «devra avoir une orientation nettement féministe»[23]. 
    Ainsi, même si elle est de grande compétence, une gynécologue non féministe 
    ne sera pas admise... Où est passée la politique anti-discriminatoire du 
    PSOE ? 
    Au prosélytisme individuel réalisé par ce type 
    d'organismes s'ajoutent les incessantes campagnes que l'INSALUD et 
    l'Institut de la Femme réalisent sur TVE pour apprendre l'emploi des 
    diverses méthodes contraceptives. D'une part, ils en répandent l'usage et, 
    de l'autre, ils habituent le public à la propagande immorale la plus 
    scandaleuse. 
    
     
    3. Une école autogestionnaire pour transformer les 
    mentalités. La démolition totale, mais «tolérante», de l'enseignement 
    traditionnel 
    a) Une école contraire à la tradition, comme outil de 
    transformation sociale 
    Le PSOE, d'après le livre Projet pour la réforme de 
    l'enseignement, édité par le ministère de l'Education et de la Science en 
    1987, conçoit l'école comme un «instrument de transformation sociale». Ainsi 
    la finalité éducative de l'école est détournée au profit de la révolution 
    socialiste. 
    C'est pourquoi elle ne doit pas contribuer à perpétuer «la 
    tradition, la continuité sociale et culturelle». 
    Le ministère dit plus loin que l'éducation socialiste ne 
    sera plus le «reflet de la hiérarchie sociale», ni même ne devra reproduire 
    des «valeurs et habitudes»... qui sont celles du passé chrétien ! Sa mission 
    est d'une autre nature. Elle est de contribuer au «changement de la 
    société», à la «libération d’energies transformantes» qui modifieront «son 
    orientation et ses règles de vie commune»[24]. 
    
     
    b) Egalité et relativisme 
    Le style actuel du PSOE, qui se prétend l'interprète 
    souriant de la «majorité sociale progressiste», ne permet plus les 
    affirmations brutales et sans fard. On ne dit plus comme Rodolfo Llopis, 
    prédécesseur immédiat de Felipe Gonzalez à la direction du parti : «Il faut 
    s’emparer de l'âme des enfants» et «révolutionner les consciences et les 
    esprits»[25]. 
    Selon le ministère de l'Education, l'objectif actuel du PSOE est de 
    transformer l'enseignement en une école publique «pluraliste», «où l'on vit 
    ensemble dans la tolérance et l’égalité»[26]. 
    Il n'en sortira pas de marxistes classiques à la Lénine, 
    Negrin ou Llopis. Le PSOE veut autre chose : des citoyens adaptés à une 
    Europe hédoniste, égalitaire et sans barrières idéologiques. Dans cette 
    ambiance, à mesure que se dissoudront dans les âmes les principes et les 
    habitudes de la civilisation chrétienne, on verra dépérir les méthodes 
    classiques d'enseignement basées sur la discipline, sur la structuration 
    logique de la pensée, l'acquisition de convictions, etc. Cette 
    transformation «silencieuse» fera triompher la révolution «effarante» et 
    «tranquille» du PSOE. En effet, transformé en homme sans principes, 
    l'Espagnol se laissera entraîner par son instinct de sociabilité et suivra 
    un consensus général de plus en plus révolutionnaire. 
    Dans ces conditions, celui qui saura manipuler et diriger 
    le consensus pourra mener l'opinion publique espagnole où il voudra. 
    
     
    c) L'école publique autogestionnaire 
    Selon les critères du PSOE, il ne doit pas y avoir 
    d'écoles hiérarchisées. La direction de l'école doit être partagée entre les 
    professeurs, les parents, les élèves, le personnel de service, etc. Le 
    ministère de l'Education appelle cela «initier à la vie sociale et 
    démocratique»[27]. 
    Mais, en réalité, on marche vers une participation chaotique, où des 
    personnes sans maturité ni compétence pourront interférer dans les décisions 
    les plus importantes, comme le choix des programmes d'étude ou des 
    orientations doctrinales. De plus, cette participation entraînera des 
    disputes électorales, ce qui dans une école constituera facilement un autre 
    facteur de désordre. 
    
     
    d) Exclusion de l'Eglise 
    L'Eglise est la grande absente du programme éducatif du 
    PSOE. Celui-ci, fidèle à ses origines athées, travaillera à «la disparition 
    progressive de l'enseignement privé», aujourd'hui majoritairement dans les 
    mains d'institutions catholiques. Il compte promouvoir «l'enseignement laïc, 
    en retirant les matières religieuses des centres et des programmes d’études»[28]. 
    
     
    e) Lois autogestionnaires 
    La Loi Organique du Droit à l'Education (LODE), approuvée 
    en 1983, impose un modèle de structure scolaire de type socialiste 
    autogestionnaire. Au moyen des Conseils scolaires, la direction des écoles 
    passe pratiquement aux mains des élèves et d'entités extra-scolaires. Les 
    directeurs des établissements publics se transforment en simples exécuteurs 
    des décisions dudit Conseil. Quant aux collèges privés, ils ne continueront 
    à recevoir de subventions du gouvernement que s'ils passent avec lui un 
    accord selon lequel ils acceptent les dispositions de la LODE. Autrement 
    dit, peu à peu, l'enseignement privé tombera sous la totale dépendance de 
    l'Etat[29]. 
    La Loi de Réforme Universitaire (LRU), qui date aussi de 
    1983, a la même inspiration autogestionnaire. Commentant ses effets, Luis 
    Garcia Moreno, président de la Fédération Nationale des Associations de 
    Professeurs d'Université (FACU), a déclaré : «Nous assistons à la fin de 
    l'Université (...) Nous préférons la voir fermée, plutôt que d’être comme 
    maintenant un parc de diversion pour adolescents désoeuvrés». Tant le 
    président de la FACU que son secrétaire, le professeur José Maria Hernando 
    Huelmo, ont critiqué la «bureaucratisation croissante et les procédures 
    électorales continuelles qui se déroulent à l'Université, rendant 
    impossibles la recherche et l’enseignement»[30]. 
    
     
    4. Objectif de la «démocratie morale» : l'immoralité 
    complète 
    a) Un objectif «démocratique»: en finir avec les «tabous» 
    et les «préjugés» 
    Pour le socialisme rénové, aussi surprenant que cela 
    paraisse, les revendications sexuelles sont partie intégrante du mouvement 
    général de démocratisation; c'est-à-dire de radicalisation de la liberté, 
    égalité et fraternité dans tous les aspects de la vie. Selon cette 
    conception, la trilogie révolutionnaire, menée à ses ultimes conséquences, 
    conduit à l'anarchie, désignée par Marx et par d'autres théoriciens 
    socialistes comme l'objectif final du communisme. 
    Renovacion, organe de la Fédération Nationale des 
    Jeunesses Socialistes, transmettait déjà à ses lecteurs, en 1977, ces 
    nouveaux critères d'analyse, qui peu de temps après allaient être propagés 
    par le socialisme dans toute l'Espagne : 
    «L'Espagne puritaine (...) ne peut plus défendre ses 
    immondes retranchements; (...) la conscience grandissante du droit que 
    chacun a de disposer, fièrement, de son propre corps, droit qui, s’il n’est 
    pas respecté, alors on ne peut pas parler de réelle démocratie, a signifié 
    un affaiblissement considérable des tabous et des préjugés (...). Ainsi, 
    nous avons assisté à ce processus, dont le peuple espagnol peut s'estimer 
    satisfait : sous les drapeaux de la démocratie, et parmi les revendications 
    sociales et régionales, apparaissent aussi ceux qui revendiquent pour les 
    droits sexuels. Ce phénomène social espagnol est d’une telle ampleur, que 
    toute personne contraire à l'avortement et aux contraceptifs, à l’éducation 
    sexuelle et à la reconnaissance des enfants dits illégitimes, au divorce ou 
    à l'homosexualité, est considérée comme suspecte si en niant ces droits elle 
    se dit encore démocratique»[31]. 
    Que se passera-t-il à l'avenir pour ceux qui s'opposeront 
    par exemple à la légalisation de pratiques homosexuelles ? Seront-ils 
    considérés comme suspects d'antidémocratisme ? Seront-ils tenus pour des 
    ennemis de la liberté morale et sanctionnés avec la rigueur réservée 
    aujourd'hui à ceux qui attentent à la liberté politique ? C'est ce que 
    laisse entendre cette publication socialiste. 
    Comme propagande de cette doctrine anarchique et 
    désaliénante, la revue encourage la pratique et l'exhibition d'actes sexuels 
    sur les places et lieux publics. Renovacion voit avec sympathie l'existence 
    des «commandos de l’amour», qui font des démonstrations publiques sur la 
    célèbre place Puerta del Sol «pour que tout le monde, y compris les enfants, 
    contemple l’acte d’amour», devant l'Eglise S. Francisco-el-Grande pour 
    défendre «une morale sans religion et sans loi» contre «les moralistes du 
    péché et de l'enfer», et devant l'Ateneo pour faire connaître la vraie 
    démocratie[32]. 
    
     
    b) Appui officiel à la corruption morale 
    
    ¨ «Culture libératrice». En conformité avec ses doctrines, le PSOE soutient les 
    manifestations «culturelles libératrices». Des pièces de théâtre comme 
    Teledeum, Dimonis, Los Virtuosos de Fontainebleau ou Visanteta de Favara ont 
    reçu un appui officiel. Ces pièces, objet d'une très grande publicité, 
    prêchent cyniquement une morale libertaire et antirépressive, préfigure du 
    monde que le socialisme veut créer. 
    Teledeum est une infâme parodie de la Sainte Messe ; 
    Dimonis représente le triomphe des démons sur les anges ; Los Virtuosos de 
    Fontainebleau mettent en scène une caricature grotesque de Notre-Dame du 
    Pilar et Visanteta de Favara est une bouffonnerie blasphématoire et immorale 
    sur le paradis où l'on se moque spécialement de Saint Vincent Ferrier. 
    Dans une analyse élogieuse de l'oeuvre obscène et 
    blasphématoire Visanteta de Favara, la revue du Ministère de la Culture, El 
    Publico, souligne que dans cette représentation «les tabous sexuels 
    n’existent pas. (...) A Favara, chacun est libre de pratiquer des relations 
    sexuelles sans être inquiété». La démarche de l'auteur, Albert Boadella, est 
    ainsi présentée : «Albert a voulu (...) s'en prendre aux échafaudages 
    judéo-chrétiens et continuer son jeu pyrotechnique contre l’obscurantisme». 
    Comme élément de ce «jeu pyrotechnique» contre les «tabous», Boadella 
    explique qu'il a voulu porter au théâtre la «saine obscénité» et l'esprit de 
    «fête ludique» du peuple de Valence[33]. 
    Des fêtes ludiques, telles ont été aussi les Ière et IIème 
    Semaines de l'Erotisme, organisées par la municipalité socialiste de Madrid 
    en 1984 et 1986, respectivement. Feu M. Tierno Galvan, en présentant la 
    première, s'est attaqué aux principes de la morale chrétienne, en se 
    référant avec mépris aux «préjugés caducs» et aux «dogmatismes sans portée»[34]. 
    Lors de la IIème Semaine de l'Erotisme, fréquentée par 
    40.000 personnes, le cinéaste Luis Garcia Berlanga a eu cette phrase qui 
    décrit bien ce que le socialisme est en train de mettre en vedette : 
    «l’érotisme, c’est la pornographie habillée en Christian Dior». Pour 
    l'inauguration de cet infâme spectacle, pendant que sur la scène se 
    déroulait un «défilé de mode des sous-vêtements», les membres de 
    l'assistance, hommes et femmes, rivalisaient en grossièretés et en 
    obscénités[35]. 
    Voilà l'ambiance «culturelle» stimulée par le PSOE... 
    Des représentations qui auparavant n'existaient que dans 
    les antres clandestins de la corruption la plus abjecte se font maintenant 
    sous le patronage d'organismes publics et sont considérées comme culturelles 
    et modernes — quoique un peu extravagantes — par les grands moyens de 
    diffusion. 
    D'ici peu, elles ne seront même plus considérées comme des 
    faits extravagants. On les présentera comme normales. Le jour viendra-t-il 
    où la décence devra se cacher pour survivre ? 
    
    ¨ Dépénalisation de la consommation de drogue. La réforme socialiste du Code Pénal qualifie seulement 
    de délit la culture, la fabrication ou le trafic de drogue. Mais elle a 
    dépénalisé la préparation, le transport et la détention de toute drogue par 
    son consommateur, en plus d'avoir allégé considérablement les peines 
    applicables au trafic. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : le 
    nombre des toxicomanes a monté en flèche et les indices de délinquance 
    également[36]. 
    Le gouvernement socialiste a esquissé un pas en arrière qui a tranquillisé 
    certains, mais qui n'a rien changé en pratique. 
    
    ¨ Nudisme. En même 
    temps, également avec les encouragements officiels, ou du moins sous le 
    regard complaisant des autorités, le topless se répand sur les plages et les 
    centres de nudisme se multiplient dans toute l'Espagne. 
    La publication de la Mairie socialiste de la capitale, 
    Villa de Madrid, a salué la généralisation du monokini dans les piscines 
    municipales comme une «saine et curieuse mode vestimentaire», qui se trouve 
    «entre les plus hautes aspirations nudistes» (sic) et «la stricte pudeur»[37]. 
    Cette municipalité a inauguré, en août 1986, le premier 
    solarium nudiste de Madrid dans le centre omnisport de La Elipa, qui ne peut 
    être fréquenté que par des personnes entièrement nues. 
    En 1987, l'expérience pilote s'est étendue à la piscine du 
    quartier du Pilar. On parle déjà d'un projet semblable à la Casa de Campo. 
    Les expériences de nudisme urbain s'étendent ainsi graduellement[38]. 
    Le topless s'est à ce point généralisé sur les plages que 
    le juge Gabriel Fiol Gomila, dans une sentence publiée dans la presse, a pu 
    affirmer que «prendre le soleil en topless est un fait public et notoire sur 
    toutes les plages du littoral méditerranéen»[39] 
    (86). L'Espagnol commun, qui ne pratique pas encore le nudisme, s'habitue 
    déjà à l'accepter avec naturalité[40]. 
    Nous devons encore considérer un autre facteur. En plus de 
    ses fonctions primordiales de protéger le corps et de garder la pudeur, 
    l'habillement a une signification culturelle et sociale. Le vêtement 
    symbolise d'une façon remarquable les valeurs de l'âme humaine. Il suffit de 
    penser à la variété magnifique des habits ecclésiastiques, des uniformes 
    militaires et des costumes originaux avec lesquels toutes les classes et les 
    régions d'Espagne ont su traduire - en formes, ornements et couleurs - des 
    qualités d'âmes propres à chacunes. On peut affirmer, dans ce sens, que, 
    plus la culture d'un peuple est développée, plus la variété et l'expression 
    symbolique de ses vêtements sont grandes. En sens inverse, à mesure qu'un 
    peuple déchoit, il tend à les appauvrir et à les supprimer. L'étiolement du 
    sens de la pudeur, qui ouvre la voie au nudisme habituel, n'est qu'une 
    composante de cette dégradation humaine globale qui s'appelle barbarie. Le 
    nudisme, en éliminant l'évidence la plus immédiate qui distingue un homme 
    civilisé d'un sauvage, constitue un symbole de l'état de choses anarchique 
    auquel aspirent les socialistes. 
    
    ¨ Homosexualité. 
    Pour le PSOE, l'homosexualité est «un aspect de plus de la communication 
    interpersonnelle (...) une potentialité de jouissance et de libération que 
    nous possédons tous». Pour en finir avec «la marginalisation sociale des 
    homosexuels» (hommes et femmes), le parti s'est engagé à «assumer leur lutte 
    revendicative»[41]. 
    Il l'a en effet assumée. En 1983, la majorité socialiste a 
    approuvé aux Cortes une réforme partielle du Code Pénal, où la nouvelle 
    rédaction de l'art. 18, aux fins d'immunité familiale, assimile au conjoint 
    les individus qui «se sont liés par une analogue relation d'affectivité». La 
    réforme a dépénalisé également la stérilisation et la chirurgie 
    transsexuelle (cf. art. 11, 18 et 428, modifiés par la Loi Organique 8/1983, 
    du 25 juin). 
    Dans ces conditions, on ne s'étonne pas que des groupes 
    d'homosexuels et de lesbiennes s'enhardissent à faire des revendications, 
    des manifestations et des congrès publics. La barrière d'horreur qui les 
    sépare de l'opinion publique tombe progressivement et celle-ci s'habitue à 
    considérer tout cela comme des faits normaux de la vie quotidienne. 
    Développant cette tactique d'accoutumance progressive aux 
    péchés contre nature, la presse a annoncé un jour la réunion à Madrid de 
    collectifs homosexuels d'Andalousie, Baléares, Catalogne, Castille, Galice, 
    La Rioja et Pays Basque, avec la participation du Collectif des Féministes 
    Lesbiennes de la capitale[42]. 
    En cette occasion, José Maria Torres, porte-parole du Front Gay du Pays 
    Basque, a montré jusqu'où va l'interprétation du prétendu droit de disposer 
    de son propre corps : «Quand nous parlons du droit de disposer de son propre 
    corps, nous étendons cette revendication à tous les âges, y compris la 
    relation sexuelle infantile avec des adultes tant qu'il n'y a pas violence 
    ou tromperie»[43]. 
    Peu après, des faits analogues se sont produits à Barcelone lors des 
    Journées de Réflexion de groupes de lesbiennes. Le public a été informé par 
    les journaux du déroulement des exposés, de l'existence de divers courants 
    d'opinion, du lieu des réunions, etc., le tout sur un ton neutre, comme si 
    c'était la chose la plus naturelle[44]. 
    Dans le même sens, un quotidien connu a publié un long 
    interview de Jordi Petit, coordinateur d'un certain Front de Libération Gay 
    de Catalogne, comme on le fait pour un leader politique. Son programme 
    consiste à «relativiser ce qui est masculin et ce qui est féminin, parce que 
    le masculin et le féminin sont totalement arbitraires»[45]. 
    On crée ainsi l'impression que dans une société pluraliste 
    et en rapide modernisation (expressions à la mode) les homosexuels sont 
    simplement une minorité marginalisée parmi tant d'autres, en faveur 
    desquelles le socialisme lutte, dans son travail «antidiscriminatoire»[46]. 
    L'immoralité et la grossièreté, en envahissant la vie 
    quotidienne, provoquent nécessairement l'effondrement de la barrière que la 
    moralité et le bon goût ont élevé entre le langage décent et l'argot. Des 
    expressions grossières et viles font maintenant partie du langage habituel 
    de nombreux milieux «modernisés». 
    
    ¨ Le désir d'être noir. Aujourd'hui, la «modernité la plus absolue, c’est le 
    désir d’être noir», soutient le journaliste Manuel Vicent. Il explique cette 
    insolite affirmation : entre autres choses, il s'agit du langage des jeunes 
    qui «ne parlent pas, se communiquent, et cela est purement noir». «Les noirs 
    se tâtent, se poussent, se regardent, chantent, dansent et s’expriment avec 
    le corps. Ils sont très physiques et leur culture est très puissante». Pour 
    Manuel Vicent, les noirs s'expriment «avec le postérieur» et «cela, ça vient 
    d'arriver en Europe, parce que le catholique anglosaxon ne donnait pas au c. 
    la moindre importance»[47]
    
    
    [48]. 
    Sous l'effet de la présence obsessive de l'immoralité, la 
    vie quotidienne s'imprègne d'habitudes, de façons d'être et d'un vocabulaire 
    au diapason de cette révolution culturelle. Une personne qui accepte la 
    coexistence consensuelle et tolérante avec ces dégradations de toutes sortes 
    jugera-t-elle nécessaire de défendre la moralité de la famille et son 
    caractère hiérarchique et indissoluble ? N'assistera-t-elle pas dans 
    l'indifférence à son effondrement ? 
    
     
    5. «Relativiser» la propriété, pour la collectiviser 
    ensuite 
    a) Conserver l'écorce, en la vidant de son contenu 
    Il entre dans le caractère «tranquille» de la révolution 
    «effarante» de mener une politique économique d'apparence modérée. Le PSOE 
    se montre disposé à marcher quelque temps avec le capitalisme. Il déclare 
    avoir laissé de côté les dogmes marxistes concernant l'étatisation et les 
    expropriations en série[49]. 
    A l'exception de la bruyante et encore énigmatique affaire 
    Rumasa, il n'y a pas eu de grandes expropriations. Il n'existe pas de 
    politique d'étatisation. Au contraire, un timide processus de privatisation 
    est en cours. 
    Néanmoins, le droit de propriété est peu à peu relativisé 
    et préparé à servir les desseins d'un Etat minutieusement dirigiste. 
    Lors de la rencontre de dirigeants socialistes tenue à 
    Javea en 1985, Ramon Garcia Cotarelo a parlé de la tactique de la 
    «relativisation fonctionnelle de la propriété privée qui, sans avoir de 
    caractère expropriatoire, mettrait aux mains du socialisme un puissant 
    instrument matériel» pour la réalisation de ses objectifs[50]. 
    Dans le même sens, Ignacio Sotelo parle de l'intention socialiste de 
    déplacer «la propriété privée de son pivot central»[51], 
    quoique sans la transférer dans l'immédiat aux mains de l'Etat. Gregorio 
    Peces-Barba préconise de «défondamentaliser» la propriété privée; autrement 
    dit, il énonce la stratégie à suivre pour que celle-ci, dans une société de 
    transition vers le socialisme, cesse d'être considérée ou même sentie comme 
    un droit fondamental[52]. 
    L'ex-secrétaire d'organisation du PSOE, Carmen Garcia 
    Bloise, a été encore plus claire : «l'objectif final du parti reste toujours 
    la transformation de la société, mais nous pensons qu'il faut la transformer 
    par des réformes progressives. C'est une simple question de rythme»[53]. 
    Dans cette politique d'érosion graduelle du droit de 
    propriété, le PSOE prend soin de ne pas réveiller les Espagnols de leur 
    assoupissement. Mais il leur fait sentir que la condition de propriétaire, 
    aussi bien dans la législation que dans la vie économique, a chaque fois 
    moins d'effets pratiques. 
    
     
    b) Habituer le propriétaire à la condition de gérant 
    Cette façon d'agir est précisément celle qu'emploie la 
    techno-bureaucratie socialiste. En utilisant des concepts vagues comme 
    «modernisation» et «rentabilité sociale», elle retranche progressivement aux 
    propriétaires la capacité de disposer librement de leurs biens. Au bout d'un 
    certain temps, les propriétaires se seront transformés en simples exécuteurs 
    des ordres du Pouvoir public. 
    Quand les propriétaires se seront habitués au dirigisme 
    étatique, les expropriations les heurteront beaucoup moins, car dans l'ordre 
    des faits concrets ils se sentiront très peu maîtres de ce qu'ils possèdent 
    et auront perdu la notion de ce que la propriété existe primordialement pour 
    son détenteur, comme l'enseigne la doctrine catholique et le droit naturel[54]. 
    Ce processus de relativisation de la propriété est en 
    cours d'application avec les réformes agraires d'Andalousie, Estrémadure et 
    Aragon. Les gouvernements de ces trois autonomies peuvent manoeuvrer 
    légalement des critères techniques et des indices de productivité pour 
    transformer les propriétaires en de virtuels fonctionnaires de 
    l'Administration, en les obligeant à suivre leurs directives sous la menace 
    d'impôts progressifs ou même de l'expropriation[55]. 
    Une autre forme de relativisation de la propriété est 
    contenue, par exemple, dans la Loi des Eaux, du 2 août 1985, qui déclare 
    dans son préambule «bien du domaine public de l'Etat» les eaux souterraines. 
    Les concessions d'usage de l'eau ne vaudront que pour une durée déterminée 
    et restent sujettes aux directives de l'Administration publique et à 
    l'expropriation forcée, en fonction des exigences des Plans Hydrologiques[56]. 
    Aux Canaries, une loi semblable a été approuvée. Elle a 
    provoqué de vives réactions et la défaite électorale des socialistes dans 
    cette autonomie. 
    
     
    c) Les premiers pas de l'autogestion 
    Le PSOE place «le principe de l'autogestion comme base de 
    l'organisation de la future société socialiste». Son but de «transformation 
    de la propriété individuelle et corporative des instruments de travail en 
    propriété collective, sociale ou commune»[57] 
    passe par la généralisation de la gestion ouvrière directe et non plus par 
    l'étatisation, qui était la voie normale du collectivisme employée par le 
    socialisme classique. 
    La cogestion dans les entreprises publiques est déjà un 
    premier pas en direction de l'autogestion. 
    L'art. 21 de l'Accord Economique et Social (AES) – pacte 
    tripartite entre le Gouvernement, l'entreprise privée et les syndicats, 
    signé en 1984 – a mis en route la cogestion ouvrière dans les entreprises 
    publiques. Une convention entre le gouvernement et le syndicat socialiste 
    Union Générale des Travailleurs (UGT) a déterminé ensuite l'élection des 
    représentants syndicaux à la direction des entreprises de l'Etat, selon un 
    critère de proportionnalité qui a surtout profité à l'UGT et au syndicat 
    communiste Commissions Ouvrières (CCOO). 
    José Luis Daza, de l'UGT, demande que la prochaine étape 
    soit d'étendre la représentation syndicale aux organes directeurs des 
    entreprises privées. Il a été appuyé par Joaquin Almunia, ministre du 
    Travail, qui a ainsi annoncé la poursuite de la politique socialiste : «Il 
    est souhaitable que cette mesure déborde de l’entreprise publique et 
    s’introduise dans le secteur privé, par la voie des négociations de 
    conventions collectives»[58]. 
    Plus explicite, l'économiste de l'UGT, Francisco Lopez 
    Romito, dans la revue Tecnicas y Cuadros, éditée par le syndicat socialiste, 
    révèle une fois de plus la tactique progressive du PSOE en disant que la 
    participation syndicale dans l'entreprise publique «s'inscrit dans un 
    processus d’élargissement graduel de la participation [ouvrière] dans la 
    planification et la gestion économiques». 
    Ce contrôle syndical croissant tendra à couvrir toute la 
    vie économique, selon le plan exposé par cet économiste de l'UGT : «La mise 
    en marche de cette expérience constituera une influence positive en 
    direction des entreprises publiques des communautés autonomes et 
    municipales, ainsi que vers l'ensemble des entreprises privées»[59]. 
    
     
    6. Désagrégation de l'Etat vers une confédération de 
    communes autogestionnaires 
    a) Le régionalisme, écrasé hier, exploité aujourd'hui 
    Depuis la Révolution Française jusqu'à récemment, les 
    courants révolutionnaires considéraient le régionalisme comme une 
    manifestation obscurantiste et primitive d'attachement au terroir et à des 
    traditions périmées. Ils croyaient que le progrès cosmopolite finirait par 
    homogénéiser les nations, en les rassemblant sous un gouvernement mondial. 
    Ce tableau a subi un changement fondamental. Les secteurs 
    les plus aggiornati des divers courants révolutionnaires, mis en 
    vedette par les media, ont assumé les anciennes revendications 
    régionalistes, quoique sans renoncer à l'idée d'une république universelle. 
    Que s'est-il passé ? 
    Les forces favorables à l'autogestion ont commencé à 
    utiliser les fameuses minorités ethniques comme des facteurs de 
    désagrégation de l'Etat et de la société[60]. 
    Dans la pratique, elles s'efforcent d'inclure ces minorités dans l'ensemble 
    des mouvements sociaux et culturels anarchisants mis en marche à partir de 
    mai 68. Pour cela, elles cherchent à insérer peu à peu les revendications et 
    les aspirations régionalistes au sein d'un courant d'hostilité 
    tempéramentale et idéologique qui commence à se manifester contre les excès 
    du centralisme étatique et se transforme petit à petit en un rejet de la 
    notion même de l'Etat. 
    Plusieurs facteurs sont au service de cette stratégie. 
    
     
    b) Une Constitution à «toit ouvert» 
    Quand la Constitution Espagnole de 1978 a établi les 
    Statuts d'autonomie (par lesquels les gouvernements régionaux ont acquis une 
    grande marge d'indépendance par rapport au pouvoir 
    En établissant l'autonomie des provinces d'une manière 
    ambiguë, on a ouvert une voie dont les extrêmes se perdent dans les brumes 
    de l'indéfinition du texte constitutionnel. 
    
     
    c) Donner l'impression d'un appui populaire 
    Naturellement, pour désagréger l'Etat et la société, une 
    action révolutionnaire ne peut s'appuyer seulement sur l'ambiguïté des 
    textes constitutionnels. Il lui faut donner l'impression d'avoir un grand 
    appui populaire et d'avancer comme sous l'effet d'une poussée irrésistible. 
    Pour démanteler l'Etat au profit d'une confédération 
    autogestionnaire, comment éviter que la majorité se réveille, raisonne, 
    discute et demande des explications ? Comment démonter l'unité politique de 
    l'Etat espagnol sans déclencher de tensions, tout en favorisant une pression 
    révolutionnaire apparemment irréversible ? 
    La réponse nous est donnée par les faits : 
    
    ¨ Le terrorisme blanc. Une minorité de dirigeants et d'agitateurs sans appui 
    populaire peut suffire – quand l'opinion publique est endormie – à produire 
    l'illusion qu'une révolution est en gestation dans les entrailles de la 
    société civile. 
    On crée déjà cette illusion au moyen de la symbolique 
    guerre des drapeaux (des groupes séparatistes brûlent le drapeau espagnol ou 
    empêchent qu'il soit arboré sur les édifices publics) ou avec les graffitis 
    injurieux pour l'Espagne dans tous les points du Pays Basque ou de la 
    Catalogne. Ou avec les slogans indépendantistes en dialecte pour les 
    Asturies; en arabe pour l'Andalousie; ou, faute de mieux, en argot pour 
    l'Aragon. Le show indépendantiste sait même tirer parti du football, quand 
    il exagère artificiellement les disputes entre les supporters d'équipes 
    basques ou catalanes. 
    Au milieu de tout cela, le chef du gouvernement basque 
    prend possession de sa charge sans attendre le décret royal ni jurer la 
    Constitution. Sans la moindre sanction ni conséquence... 
    Ces faits sont-ils l'expression d'un légitime et 
    sympathique souhait d'affirmation régionaliste ? Évidemment non. L'Espagnol 
    moyen regarde autour de lui et, ne trouvant chez ses leaders naturels 
    personne pour lui donner une explication complète, se sent pris par un 
    malaise indéfini. 
    Après cette inquiétude initiale, il est assailli par un 
    doute quant à la portée réelle de ces tensions, car elles n'ont généralement 
    pas de conséquences concrètes immédiates. Finalement, il s'habitue à vivre 
    dans une situation d'instabilité chronique, qu'il considère comme précaire 
    et incertaine. 
    
    ¨ Le terrorisme sanglant. Des forces qui semblent avoir des objectifs et des 
    méthodes très divers se complètent dans l'ordre des faits concrets. Dans une 
    vue d'ensemble, le terrorisme blanc comme le terrorisme sanglant 
    apparaissent comme les deux versants qui collectent les eaux d'un même 
    fleuve révolutionnaire. Le terrorisme blanc crée l'apparence d'un 
    mécontentement populaire sur le point d'éclater et il évite ainsi que le 
    terrorisme sanglant soit vu comme émanant d'une simple minorité de 
    fanatiques isolés. De son côté, l'Organisation Terroriste Basque (ETA) joue 
    le rôle d'un secteur plus exalté du prétendu mécontentement populaire 
    profond et généralisé, qui ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas atteint 
    ses objectifs. Ceux-ci sont d'ailleurs présentés comme licites et loués par 
    d'importantes autorités ecclésiastiques et politiques. 
    De plus, les méthodes cruelles et lâches de l'ETA 
    confèrent une apparence de modération aux excès du terrorisme blanc. 
    
     
    d) L'Europe des Peuples 
    Fédéralistes, autonomistes exacerbés et indépendantistes 
    se rejoignent sur un même objectif : la formation d'une macro-unité de 
    faible cohésion, l'Europe des peuples (ou selon une version moins radicale, 
    l'Europe des régions), avec un régime autogestionnaire généralisé, depuis 
    l'Atlantique jusqu'à l'Oural. 
    Le Parti Nationaliste Basque (PNV) a fait sien cet 
    objectif dans une résolution de l'un de ses congrès. L'«Europe des Peuples 
    libres» doit être «globalement démocratique» et «inspirée par un esprit 
    égalitaire», au sein d'un ordre socialisé. Une Europe unie «sous un toit 
    structurel commun politique et économique» permettra de dépasser les Etats 
    actuels et d'opérer une «convergence des systèmes politico-sociaux», 
    autrement dit des systèmes capitaliste et communiste[63]. 
    En même temps, le président du Gouvernement de l'autonomie 
    de Catalogne, Jordi Pujol, parle de l'«Europe des Régions». La devise 
    ambiguë de son parti Convergence et Union, la Catalogne est une nation prend 
    une étrange tonalité quand Pujol déclare en Israël : «Dans le sionisme, il y 
    a des faits qui, dans la perspective nationaliste, sont très intéressants et 
    sous certains aspects sont transférables à beaucoup de mouvements 
    nationalistes»[64]. 
    Ou encore quand il est allé en Argentine en qualité d'invité d'honneur du 
    Président Alfonsin, accompagné de 1.200 personnes et avec des airs de chef 
    d'Etat, pour présider à la commémoration du centenaire de la Maison Catalane[65]. 
    Ou, enfin, quand il a réclamé la présence d'une représentation des 
    communautés autonomes auprès du Marché Commun européen, qui soit 
    indépendante de la représentation diplomatique espagnole[66]. 
    Dans la perspective socialiste, Felipe Gonzalez affirme : 
    «l'Europe n'a pas d'avenir si elle n'est pas capable de se changer en une 
    réalité politiquement unitaire (...) L'avenir de l'Europe, comme celui du 
    socialisme, dépendent (...) de la création en Europe d'un climat de détente 
    (...) une Europe sans tensions militaires pourrait être le point de départ 
    d'une intégration économique entre l'Est et l'Ouest, et pourrait être en 
    plus la base d'une croissante démocratisation des pays de l'Est. Il est 
    encore facile de dire aujourd'hui que les réformes de Gorbatchev sont 
    limitées (...) mais personne ne peut prévoir jusqu’où conduira la dynamique 
    que ces réformes mettent en marche»[67]. 
    
     
    e) La dissolution de l'Etat en micro-nationalismes 
    A Gérone, un congrès promu en 1983 par la municipalité 
    socialiste a réuni la crème de l'intelligentsia de gauche. Dans ce congrès, 
    on a pu entrevoir ce que serait l'Espagne du XXIème siècle en cas de 
    victoire des courants révolutionnaires. Les consignes indépendantistes ont 
    abondé. Le philosophe anarcho-socialiste, Savater, les a résumées ainsi : 
    «On ne peut réprimer l’existence d'un séparatisme basque, catalan ou 
    canarien. Quatre-vingts pour cent des basques se sentent indépendantistes. 
    Le Pays Basque et la Catalogne ne se sont jamais sentis 
    authentiquement Espagne, mais des prisonniers de l'Espagne, des colonies de 
    l'Espagne, des victimes de l'Espagne». 
    L'intellectuel José Luis Lopez Aranguren s'est montré le 
    plus connaisseur des vents révolutionnaires. Dans une ambiance dominée par 
    l'affirmation autonomiste et l'indépendantisme, il a dit sans soulever la 
    moindre protestation : «Un jour viendra où l'on prendra un peu comme une 
    plaisanterie le drapeau espagnol, le catalan ou le basque. Ce sera le moment 
    où l’on passera des nationalismes du dix-neuvième siècle aux 
    micro-nationalismes du vingt-et-unième». «On va arriver à la dissolution de 
    l'Etat national. C’est dans la marche de l'Histoire»[68]. 
    
     
    f) Vers une république universelle d'un genre nouveau 
    Deux ans après, parlant à Paris lors du VIIe Séminaire 
    International de l'Institut Socialiste d'Etudes et de Recherches, 
    l'ex-dirigeant du PCE, Manuel Azcarate, a tracé avec plus de netteté la même 
    perspective : «Un progrès social exige une diminution de l'Etat national par 
    le haut, vers l’entité politique européenne», qui serait «l'Europe des 
    peuples, sans aucun doute, mais aussi l'Europe des régions, l'Europe des 
    villes, l'Europe des entités autogérées». Il conclut : «Parler d'Europe 
    culturelle sans l'Union Soviétique, et même sans les Etats-Unis, sans 
    l'Amérique Latine, est-ce possible ?»[69]. 
    
     
    7. Terrorisme du blasphème et du sacrilège 
    Il manquait une pièce pour compléter le puzzle de la 
    révolution culturelle, qui accompagne les révolutions politique, sociale et 
    économique : la sinistre prolifération des offensives directes contre Dieu, 
    sa Très Sainte Mère et la Religion Catholique. 
    On assiste aujourd'hui en Espagne à une interminable 
    succession de festivals burlesques et irrévérencieux, d'expositions sordides 
    et d'oeuvres «d'avant-garde» de toutes sortes, qui bénéficient du soutien, 
    ou au moins de la tolérance des autorités socialistes, et qui ont pour 
    résultat l'introduction progressive du blasphème comme ingrédient «culturel» 
    de la vie quotidienne en Espagne. 
    
     
    a) Une forme nouvelle de blasphème et de sacrilège 
    Le blasphème et le sacrilège nouvelle vague n'ont pas les 
    mêmes caractéristiques que dans le passé. Ils n'apparaissent pas comme les 
    expressions furibondes d'une haine doctrinale et sectaire. 
    Le blasphème aggiornato est relativiste. Il se 
    présente sous un jour festif, anodin et comme l'explosion d'un désir de 
    libération, en consonance avec l'insouciance tolérante, irénique et 
    accommodante qui domine la vie politique actuelle et qui est nécessaire à la 
    néo-révolution socialiste. Il prend donc l'aspect d'une moquerie ludique du 
    sacré. 
    Un exemple caractéristique a été l'affiche qu'a fait 
    imprimer en 1986 le district madrilène de Chamberi, pour les fêtes 
    traditionnelles de Notre-Dame du Carmel du 11 au 16 juillet. Elle 
    représentait une femme à lunettes, les sous-vêtements apparents et à moitié 
    défaits, portant un pantalon rayé et flottant en l'air dans une position qui 
    rappelait la Vierge du Carmel. A ses pieds, à terre, une femme nue et un 
    être, mi-singe mi-démon, lançant un éclat de rire sardonique. 
    Devant le malaise généralisé causé par cette offense 
    gratuite et brutale à l'une des dévotions mariales les plus populaires, 
    Pilar Fernandez, présidente du conseil municipal de Chamberi, a expliqué 
    avec effronterie : «Il ne faut pas prendre cela au tragique, il s'agit d'une 
    représentation ludique de la Vierge»[70]. 
    
     
    b) Le blasphème comme instrument pédagogique de la 
    révolution culturelle 
    Dans Dimonis, oeuvre fortement soutenue par le 
    gouvernement socialiste[71], 
    on utilise ouvertement le blasphème comme un instrument pédagogique de la 
    révolution culturelle. Selon la revue El Publico, du Ministère de la 
    Culture, le «démon méditerranéen» (personnage de la pièce de théâtre) est 
    «un faune des âmes qui (...) remet frénétiquement en question tous les 
    tabous établis par les conventions que notre société a secrétées». Les 
    acteurs ont une «intention désacralisante» et sont «ludiques», «énormément 
    subversifs»[72]. 
    Les cris de «vive notre enfer!», «mort à Dieu!», «mort à 
    l'Eglise!», «ni frontières, ni police, ni curés!»[73] 
    ne sont pas présentés comme des actes d'adoration formelle au démon ni comme 
    l'expression d'un anticléricalisme classique dans le style des
    ferreradas de 1909 ou des troupes 
    socialo-communistes de la Guerre Civile. Selon l'accueil euphorique que leur 
    a fait Cita en Sevilla, revue de 
    la municipalité socialiste de cette ville, ce serait plutôt des explosions 
    d'esprits irrespectueux, «insolents et provocateurs», qui font sentir au 
    public «l’acidité corrosive des feux follets, la lucidité brillante de 
    l’impudence»[74]. 
    Durant les représentations de cette pièce, véritables 
    cours d'anarchisme, les acteurs créent un climat de défoulement qui culmine 
    par l'exaltation d'un libertinage effréné. 
    On ne s'étonne pas qu'à la fin des représentations les 
    plus chaudes - comme celle de Grenade - le public, électrisé par le 
    déroulement de la pièce, en soit venu à crier : «Lucifer, Lucifer, 
    Lucifer»...[75]. 
    Cette même doctrine et cette façon singulière de la 
    répandre apparaissent aussi dans des pièces de théâtre comme Teledeum, Los 
    Virtuosos de Fontainebleau et Visanteta de Favara[76]. 
    Nous avons déjà mentionné l'immoralité propagée par 
    Visanteta de Favara. Sur les deux autres pièces, citons quelques exemples 
    d'irrévérences blasphématoires. Notre-Dame du Pilar est représentée par un 
    homme moustachu, aux attitudes grotesques et jouant du tambourin. Un «garde 
    civil» vise la tête d'un détenu avec un crucifix transformé en pistolet. Un 
    «français» se déculotte et injurie insolemment les gloires de son pays: «de 
    Jeanne d'Arc à Joseph Marie Flotats »[77]. 
    Dans Teledeum, la Sainte Hostie est remplacée par le «ketchupchrist», 
    morceau de pain azime couvert de sauce tomate. Un cardinal romain le vomit. 
    Une soeur nord-américaine propose de faire une «bouchée» avec deux hosties 
    et au milieu un «ketchupchrist». Un autre «gag» consiste à confondre le 
    lavabo de la messe avec un WC[78]. 
    L'auteur de Teledeum, Albert Boadella, énonce sa «règle de base» de création 
    artistique : «Faire que le respectable se transforme en vil, le blanc en 
    noir»[79]. 
    Il reconnaît lui-même que son théâtre dégrade la culture et le public : 
    «Nous sodomisons publiquement Juliette sur la scène, (...) nous sommes tous 
    des marionnettes et des comédiens du mal vivre»[80]. 
    
     
    c) Insultes à Dieu et satanisme «métaphorique» dans la 
    presse quotidienne 
    Dans El Pais, des journalistes comme Francisco Umbral ne 
    cessent de blasphémer, en utilisant un langage relativiste qui se prétend 
    libre de tout préjugé. Umbral se réfère à Notre‑Dame de Covadonga comme le 
    «fétiche portatif de Don Pélage». La Macarena, célèbre représentation de la 
    Vierge des Douleurs à Séville, est pour lui la «mère vaguement incestueuse 
    de la multitude»[81]. 
    A côté de l'insulte à Dieu et à la Vierge Marie, il est 
    tout à fait logique qu'apparaisse l'éloge du démon. 
    Manuel Vicent, toujours dans El Pais, fait de Satan le 
    modèle du bonheur. Le remords pour ce que l'on considère une mauvaise action 
    est pour lui la grande cause du malheur, dont Satan s'est libéré. Ainsi, 
    «Belzébuth en flammes» se transforme en modèle de lucidité pour les hommes 
    et l'enfer en «la grande école de libération». «Désirer le feu éternel comme 
    une source de plaisir» (sic) est «la forme la plus moderne du salut»[82]. 
    Les enthousiastes de la «modernité» soupçonnaient-ils qu'elle puisse inclure 
    le désir de l'enfer ? 
    Francisco Nieva, dans ABC, fait l'éloge du démon, 
    «condamné à souffrir injustement» pour avoir offert «des plaisirs concrets, 
    passionnés et des options totalisantes. Pratiquement, ce que nous avons de 
    mieux, c'est au démon que nous le devons». En même temps, il se moque de 
    «l'ange changeant qui va me trahir selon ce que lui soufflera le vent fou de 
    Dieu». 
    Le démon – qui, dans cette optique, est la grande victime 
    de l'injustice et l'opprimé de la Création – mériterait l'hommage des 
    hommes, eux-mêmes victimes d'injustices et d'oppressions : «Ah, comme nous 
    l'avons laissé seul, le démon ! (...) à qui, moi, – sachant bien pourquoi – 
    je présente ici mes respects», conclut Nieva[83]. 
    Dans cette ambiance, comment se surprendre qu'il y ait des 
    congrès de sorcellerie comme ceux de La Corogne ou de Pampelune, tous deux 
    avec un large soutien officiel et la propagande de la presse quotidienne ! 
    Au congrès de Pampelune, le professeur Barruezo a décrit les sabbats sous 
    une forme attrayante pour l'homme contemporain : de simples réunions 
    festives qui se terminaient en orgies sexuelles par l'usage de drogues 
    hallucinogènes[84]. 
    Mais nous verrons que ce n'est pas seulement par le moyen 
    de la promotion officielle ou par les pages de la presse que s'installent 
    dans la vie quotidienne des Espagnols le blasphème et même l'éloge des 
    «qualités» sataniques. 
    
     
    d) La ronde incessante des profanations et des vols 
    sacrilèges 
    Ces dernières années, les profanations et vols sacrilèges 
    se sont succédés à travers le pays. Beaucoup de tabernacles ont été profanés 
    et, dans presque toutes les villes, des églises ont été saccagées, des 
    statues volées ou détruites. 
    Voici quelques exemples particulièrement symboliques : 
    La statue de Notre-Dame du Pilar dressée au sommet du Pic 
    d'Aneto, point culminant des Pyrénées, a été retrouvée un jour décapitée. 
    Les auteurs : inconnus...[85] 
    Une statue de Saint François-Xavier, qui dominait le point le plus élevé de 
    la Navarre, à 2.500 mètres, a été aussi décapitée. Les auteurs: également 
    inconnus[86]. 
    A Pampelune, des auteurs inconnus, une fois encore, ont endommagé et 
    barbouillé de peinture plusieurs figures du groupe sculptural situé à un 
    croisement de l'avenue Saint Ignace et qui représente le fondateur des 
    Jésuites, blessé lors de sa dernière bataille comme officier, où il a 
    défendu héroïquement la capitale navarraise. 
    A Orihuela (Alicante), la Croix de Muela - de 35 mètres de 
    haut avec une traverse horizontale de 25 mètres -, qui dominait la montagne 
    de ce nom depuis plus de quarante ans, a été sciée et abattue[87]. 
    A Vitoria, une procession athée, qui prend des airs de savant rituel 
    satanique, se déroule les Vendredis Saints, avec blasphèmes, insultes à 
    l'Eglise et brûlements de croix[88]. 
    Les profanations, vols, incendies ou destructions de statues, de tableaux, 
    de vases sacrés et d'édifices de grande valeur artistique et historique se 
    comptent par centaines. 
    Les attentats sacrilèges contre le Saint-Sacrement sont 
    d'une gravité incomparablement plus grande. Ces dernières années, ces 
    attentats ont proliféré, mais nous n'en donnerons que trois exemples. Dans 
    l'église SaintEtienne, à Ségovie, des inconnus ont arraché le tabernacle du 
    maître-autel et jeté les hosties à la rue. «Ce ne fut pas pour voler - a 
    commenté le curé, M. Bartolomé Ramirez , [car] il y a ici des calices et des 
    oeuvres d'art importantes»[89]. 
    A Huesca, dans l'église Saint-Laurent, les Saintes Espèces ont disparu. Le 
    curé de la paroisse craint qu'on les ait utilisées «dans quelque espèce de 
    messe noire»[90]. 
    A Majorque, deux ciboires ont disparu de l'église St Ferriol, avec toutes 
    les hosties consacrées[91]. 
    De pareils faits ne sont habituellement pas suivis d'actes de réparation 
    proportionnés. 
    Ces sacrilèges et profanations se produisent 
    habituellement dans une atmosphère ambiguë et confuse. Tel vol n'aura-t-il 
    pas été le fait d'un voleur ordinaire ? Telle profanation ne sera-t-elle pas 
    l'oeuvre d'un ivrogne ou d'un groupe punk drogué ? La façon peu claire avec 
    laquelle ces événements se présentent crée dans le public des difficultés 
    pour les juger, et sans un jugement clair il ne peut y avoir de réaction 
    efficace. 
    Considérés dans leur ensemble, les actes de vandalisme 
    impie semblent vouloir représenter à nos yeux un éclatement exalté et 
    brutal, une explosion de libération qui surgit spontanément et 
    irrésistiblement contre la Religion, ses dogmes, son culte et sa pérenne 
    sacralité. Un peu comme l'effet du terrorisme basque sur le patriotisme 
    espagnol. 
    L'homme nouveau en gestation dans une Espagne «libérée» de 
    son passé se manifeste ici dans ses éléments les plus instinctivement 
    rebelles et marginaux. 
    
     
    e) Mesures officielles de désacralisation 
    Au pouvoir, le PSOE complète sa campagne de 
    déchristianisation de l'Espagne, en introduisant peu à peu le laïcisme 
    total. La Religion disparaît progressivement des actes officiels. Avec les 
    réformes du Règlement des Honneurs Militaires en 1984, le Très Saint 
    Sacrement a cessé de mériter les honneurs suprêmes. Les honneurs qu'on lui 
    rend sont maintenant inférieurs à ceux que l'on prête au drapeau, au Roi, au 
    Prince des Asturies, au ministre de la Défense et, a fortiori, au chef du 
    Gouvernement et au vice-président. Les honneurs rendus à la Très Sainte 
    Vierge et aux Saints ont été abolis[92]. 
    Les autonomies de Catalogne, Valence, Murcie et 
    Castille-La Manche ont décidé de supprimer de leurs calendriers officiels la 
    fête de l'Apôtre Saint Jacques, patron de l'Espagne[93] 
    (140). A partir de 1984, le Jeudi Saint est devenu un jour ouvrable en 
    Catalogne, Valence, Pays Basque, Estrémadure et Baléares. De même, le 19 
    mars, fête de Saint Joseph a été déclaré jour ouvrable par les communautés 
    autonomes des deux Castilles et d'Andalousie[94]. 
    Par ordre de la présidence du Gouvernement, la formule traditionnelle «Dieu 
    vous garde de longues années»[95] 
    a été éliminée du protocole des documents officiels. 
    La répétition continuelle des sacrilèges anonymes, des 
    blasphèmes dans les moyens d'information, ainsi que les mesures officielles 
    de désacralisation de la vie publique, tout cela déprime et assomme. Mais, 
    cela crée aussi une habitude. Avec l'habitude, on prépare l'esprit de la 
    majorité des Espagnols à tolérer à l'avenir des attentats beaucoup plus 
    radicaux et audacieux. Dans la vie quotidienne, la révolution avance... 
     
    L’autogestion, utopie commune aux socialistes, communistes 
    et anarchistes 
     
    «La stratégie pour parvenir au socialisme – affirme le 
    PSOE – consiste à élargir et approfondir la démocratie» (Résolution 
    politique du Congrès extraordinaire, septembre 1979, p. 7). 
    Le XXVIIIè Congrès, plus didactique, ajoute : «Il faut 
    élargir la démocratie pour rendre chaque fois plus grands les domaines du 
    pouvoir social aux mains de la décision populaire, en les retirant à 
    l’appropriation privée ; pour étendre chaque fois plus les conditions 
    sociales suffisantes à un égal exercice de la liberté. Il faut approfondir 
    la démocratie pour engendrer de nouvelles formes de participation du peuple 
    à la direction de la société et de l'Etat, sur la voie du socialisme et de 
    l'autogestion» (PSOE, «Resolucion Politica», in Resoluciones - XXVIII 
    Congreso del PSOE, 1979, p. 7). 
    Le XXXIe Congrès du PSOE, de janvier 1988, est revenu sur 
    la question dans ses résolutions : «Le socialisme n'est pas autre chose que 
    l'approfondissement de la démocratie, moyennant son extension à tous les 
    domaines de la vie collective, depuis l’école jusqu'à l’entreprise. Ce 
    projet requiert la redistribution du pouvoir social et économique, ainsi que 
    l’extension des mécanismes de participation et d'information. En ce qui 
    concerne la participation des travailleurs dans les entreprises, nous 
    chercherons à mettre en place progressivement des formes de participation 
    des travailleurs dans les organes de direction et de surveillance des 
    entreprises» («Resoluciones – XXXI Congreso del PSOE», art. 1.5.7, in El 
    Socialista, 31/1/88). 
    
     
    La cogestion, premier pas vers l'autogestion 
    La cogestion repose sur l'idée que si on intéresse 
    l'ouvrier à l'égal du patron à la marche de l'entreprise, on atteint un 
    degré idéal de concorde sociale et de progrès économique. Il n'y aura pas 
    alors de différences entre patrons et ouvriers, car tous seront à la fois 
    associés et travailleurs. 
    Voyant que dans une entreprise ainsi conçue les 
    différences subsisteront, les théoriciens socialistes européens pensent les 
    éliminer au moyen d'un système de rotation des taches. Considérant que 
    l'entreprise doit correspondre non seulement à l'intérêt de ses membres, 
    mais aussi aux besoins des consommateurs, des associations de quartier, 
    etc... ces théoriciens proposent de faire participer aussi ces derniers à la 
    direction. 
    De la cogestion, on passerait à l'autogestion, car il 
    s'agit des deux phases successives de l'application d'un même principe. Le 
    préfixe co indique une gestion en 
    commun des propriétaires et des ouvriers. Le préfixe
    auto signifie qu'il n'existe plus de patron et que le pouvoir réside 
    égalitairement chez tous les travailleurs de l'entreprise. Dans la phase 
    finale du processus, néanmoins, les travailleurs devront partager ce pouvoir 
    avec les consommateurs, les voisins, etc... Il ne restera plus que la 
    communauté. 
    
     
    Une dictature à la soviétique, en pire 
    Les expériences volontaires d'autogestion réalisées dans 
    les pays libres montrent que le contrôle patronal se trouve remplacé par un 
    autre, véritablement oppressif : «la tyrannie du groupe, l’affrontement 
    continuel et l'auto-exploitation». Dans ce régime, «chacun est en permanence 
    sous le regard d'autrui, à travers le travail, les réunions, les relations 
    amicales. Déviance interdire». C'est ce qu'affirme Muriel Ray en commentant 
    les études de spécialistes en la matière (Le Monde, 10/1/82). 
    En effet, dans les grandes communautés, aussi totalitaires 
    qu'elles soient, les individus trouvent encore un certain espace de liberté, 
    tandis que dans les petites communautés autogestionnaires personne ne jouit 
    d'une vie privée et la surveillance sur chacun est beaucoup plus effective. 
    La communauté de biens et l'absence de libre initiative continuent 
    d'exister, parce que chaque unité est un petit
    soviet, où l'activité économique 
    est dirigée avec main de fer et oeil de lynx par une minorité qui exerce le 
    pouvoir. Le système communiste, loin de se libéraliser, arrivera ainsi à sa 
    pleine réalisation. 
    En outre, l'ouvrier ne serait vraiment libre que s'il 
    pouvait disposer de la partie de l'entreprise qui lui revienne. Il n'en sera 
    rien et il se trouvera ainsi attaché à l'entreprise. Comme celle-ci sera 
    contrôlée par des lois étatiques, les tentacules de l'Etat totalitaire 
    continueront à le dominer. Si ce n'est directement l’Etat, ce seront les 
    fédérations d'unités autogestionnaires qui se chargeront de le diriger... 
    Voilà où nous aura conduits cette fameuse démocratie 
    intégrale. On pense au vieux dicton : «Ce que le démon promet, c'est 
    précisément ce qu'il va nous enlever». 
    
     
    Perestroika : la Russie va adopter l'autogestion 
    Les maîtres du Kremlin n'ont jamais caché que leur 
    objectif final est l'autogestion, dont la mise en pratique a seulement été 
    repoussée pour des raisons tactiques. Dans le préambule de la Constitution 
    russe, on peut lire : «L'objectif suprême de l'État soviétique est d’édifier 
    la société sans classes, dans laquelle se développera l'autogestion sociale 
    communiste». Gorbatchev considère la perestroika comme la façon la plus 
    rapide d'atteindre cet objectif : «Perestroika signifie initiative de masse.
    
    C'est le développement complet de la démocratie, 
    l'autogestion socialiste» (Mikhail Gorbatchev, Perestroika - New Thinking 
    for our country and the World, Harper & Row, New York, 1987, pp. 28, 29, 
    31). 
    Dans une autre occasion, il a ajouté : «La perestroika est 
    une étape historique dans l’avancée progressive de notre société. (...) Le 
    problème consiste à favoriser l'autogestion (...) Le développement de 
    l’autogestion se fera principalement à travers les Soviets» (Mikhail 
    Gorbatchev, Octobre et la perestroika, la révolution continue, Ed. de 
    l'Agence de Presse Novosti, Moscou, 1987, pp. 40, 42, 43). 
    Aux insouciants qui, par ignorance ou superficialité, 
    imaginent qu'avec la perestroika le Kremlin prend ses distances avec les 
    objectifs communistes, Gorbatchev lui-même adresse ce rappel à l'ordre : 
    «pour mettre un terme à ces rumeurs et à ces spéculations, qui se 
    multiplient à l'Ouest, j’aimerais signaler une fois de plus que nous 
    conduisons toutes nos réformes en conformité avec la voie socialiste. (...) 
    Ceux qui espèrent que nous allons nous éloigner de la voie socialiste seront 
    profondément déçus. Chaque élément du programme de la perestroika - et le 
    programme dans son ensemble - se fonde entièrement sur l'idée qu'il faut 
    davantage de socialisme, davantage de démocratie (...) Tout espoir que nous 
    puissions nous mettre à bâtir une société différente, non socialiste, et 
    passer dans l'autre camp, est irréaliste et dérisoire. Ceux qui, à l'Ouest, 
    s'attendent à nous voir abandonner le socialisme en seront pour leurs frais. 
    Il est grand temps qu'ils le comprennent et, plus important, qu'ils partent 
    de ce constat dans leurs relations pratiques avec l’Union soviétique» (M. 
    Gorbachev, Perestroika, op. cit. pp. 36-37). 
    La perestroika est présentée comme une évolution de la 
    Russie vers la liberté, l'autogestion en Occident comme une marche vers 
    l'égalité. Illusion de plus de liberté en Russie, où il y a déjà l'égalité, 
    menace de plus d'égalité en Occident, où il y a déjà la liberté... Les deux 
    blocs chemineraient ainsi vers la liberté et l'égalité... 
    Ainsi se dessine une convergence mondiale vers le régime 
    autogestionnaire. NOTES 
    
    
    
    [1] ABC, 8/8/86 et 
    23/10/83; El Alcazar, 30/7/83, 30/10/83 et 25/7/84. 
    
    
    
    [2] Les déclarations 
    de Mgr Infantes Florido, évêque de Cordoue, en sont malheureusement un 
    exemple : «Nos vieilles discordes, les pages violentes de notre Histoire, 
    notre récent passé de lutte fratricide, reçoivent de la Mosquée-Cathédrale 
    de Cordoue le signe de nous engager dans une tâche commune et fraternelle 
    pour la convivance et l’unité de l'Espagne» (ABC, 29/5/86). 
      
      
      
      [3] El Pais, 
      92/85. 
      
      
      
      [4] A propos du 
      caractère de traître de Guillaume le Taciturne, voir par exemple William 
      Thomas Walsh, Felipe II, Espasa Calpe, Madrid, 1951, 4ème éd., p. 453. Cet 
      historien nord-américain l'accuse de jouer un «double et ignominieux 
      rôle», de «traître à Philippe, auquel il avait juré fidélité, et traître à 
      tout le monde chrétien», pour avoir cherché à ce que la Turquie déclare la 
      guerre à l'Espagne. Sur la légitimité de l'action de Philippe II, voir 
      Ricardo Garcia Villoslada, S.J. et Bernardino Llorca, S.J., Historia de la 
      Iglesia Catolica - III Edad Nueva, BAC, Madrid, 1960, pp. 912-916 et 
      Ludovico Pastor, Historia de los Papas, Ed. Gustavo Gili, Barcelone, vol. 
      XVIII, pp. 62-90 et vol. XIX, pp. 392-411. 
      
      
      
      [5] ABC, 9/10/85. 
      
      
      
      [6] Apud Bx. 
      Ezequiel Moreno y Diaz, Cartas Pastorales, Circulares y otros escritos, 
      Imprenta de la Hija de Gomez Fuentenebro, Madrid, 1908, p. 477. 
      
      
      
      [7] ABC, 
      9/10/85. 
      
      
      
      [8] Ibidem. 
      
      
      
      [9] ABC, 
      12/10/84. 
      
      
      
      [10] La 
      Vanguardia, 18/1/87. 
      
      
      
      [11] ABC, 
      22/7/87. 
      
      
      
      [12] Apud Henri 
      Arvon, Le Gauchisme, PUF, 1974, p. 68. 
      
      
      
      [13] En 1979, le 
      PSOE a adopté la résolution suivante : « L'objectif des socialistes doit 
      être d’obtenir un changement substantiel (...) dans les relations à 
      l'intérieur de la famille. Pour établir solidement la démocratie (...) on 
      devra promouvoir des changements dans les attitudes sociales qui font 
      perdurer les pratiques de l'autoritarisme, de l'inégalité et de 
      l'exclusion au sein de la famille » (28e Congrès du PSOE, p. 16). 
      
      
      
      [14] Auparavant, 
      le PSOE avait aidé le gouvernement centriste (UCD) à démolir d'autres 
      fondements institutionnels de la famille monogamique et indissoluble. 
      L'adultère et le concubinat ont été dépénalisés par la loi du 26/5/78 
      (BOE, 38/5/78). L'article 416 du Code Civil a été réformé par la loi 45/78 
      du 7/10/78 (BOE, 11/10/78), autorisant la commercialisation et la 
      publicité des contraceptifs. L'égalisation des droits entre enfants 
      légitimes et illégitimes a été consacrée par la loi du 13 mai 1981, qui a 
      modifié les art. 108 et suivants du Code Civil. La loi du 7/7/81 a modifié 
      l'art. 53 du Code Civil, donnant au mari et à la femme les mêmes droits et 
      devoirs. La même loi a aussi modifié les art. 85-89 du même Code, en 
      légalisant le divorce. 
      
      
      
      [15] PSOE, 
      Resoluciones – XXVIII Congreso del PSOE, 1979, p. 18. 
      
      
      
      [16] PSOE, 
      Resoluciones - XXIX Congreso del PSOE, 1981, pp. 232-233. 
      
      
      
      [17] Maria 
      José Ragué, Proceso a la familia española, Gedisa, Barcelona, 1977, p. 35.
      Lidia Falcon, de 
      l'Organisation Féministe Révolutionnaire, a affirmé : «La famille sera la 
      dernière chose à détruire. Le mouvement féministe avance et les femmes s'y 
      prépareront, en se conscientisant chaque fois plus de leur situation. Les 
      femmes s'uniront à ce mouvement féministe et seront des militantes 
      féministes (...) et elles détruiront leur famille» (ibid., p. 31). 
      
      
      
      [18] PSOE, 
      Resoluciones - XXVII Congreso del PSOE, 1979, pp. 16-17. 
      
      
      
      [19] Ibid., p. 16. 
      
      
      
      [20] Cf. 
      Comentario Sociologico, juil-déc. 1984, p. 132. Voir aussi la lettre de 
      Maria Femanda Prado, présidente de la Commission Enseignement de l'A.P. de 
      Barcelone, El Pais, 27/10/84. 
      
      
      
      [21] El Pais, 
      25/6/85. 
      
      
      
      [22] Dans le 
      cahier Centros Asesores de la Mujer, édité par le Secrétariat Fédéral de 
      Politique Sectorielle du PSOE, on explique les objectifs de ces centres : 
      «S’insérer dans la communauté vicinale pour impulsionner les valeurs de la 
      culture féministe et leur progressive prise en main par celles pour qui 
      nous luttons pour une nouvelle société socialiste.» Ils auront un «rôle de 
      conscientisation» pour être «un instrument de la vie quotidienne des 
      personnes» (pp. 8 et 9). 
      
      
      
      [23] PSOE, 
      Resoluciones - XXIX Congreso del PSOE, 1981, p. 235. 
      
      
      
      [24] 
      Ministère de l'Education et de la Science, Proyecto para la reforma de la 
      Enseñanza, 1987, p. 21. 
      
      
      
      [25] Apud 
      Javier Tussel, «Maraval no sabe», in Ya, 14/10/83. 
      
      
      
      [26] Ministère de 
      l'Education et de la Science, op.cit., p. 23. 
      
      
      
      [27] Ibidem. 
      
      
      
      [28] PSOE, XXVIIe 
      Congrès, p. 200. 
      
      
      
      [29] Loi 
      Organique, 3/7/85 (BOE, 4/7/85), préambule et art. 39, 42, 47, 48, 49, 51 
      et 56. 
      
      
      
      [30] Ya, 19/3/87. 
      
      
      
      [31] Renovacion, 
      juillet-août 1977, p. 23. 
      
      
      
      [32] Cf. 
      Renovacion, n°s 3 et 4, 27/9/77, p. 45. 
      
      
      
      [33] El Publico, 
      octobre 1986, pp. 45-46. 
      
      
      
      [34] Mairie de 
      Madrid - Cours Municipal de Culture, Première Semaine de l'Erotisme, 
      Madrid, juin 1984. 
      
      
      
      [35] El Pais, 
      3/7/86. [36] Cf. Ya, 23/11/84; ABC, 10/1/85. 
      
      
      
      [37] Villa 
      de Madrid, 15/6/84. 
      
      
      
      [38] ABC, 
      27/6/86; El Pais, 10/8/86, 5/9/86 et 3/7/87; Ya, 2/8/86. 
      
      
      
      [39] El Pais, 
      23/7/86. 
      
      
      
      [40] La position 
      adoptée par les organes de presse dits modérés facilite son acceptation. 
      ABC, dans sa colonne éditoriale, commente ainsi la généralisation du 
      topless : «Les modes sont les modes, ni bonnes, ni mauvaises, ni pieuses, 
      ni peccamineuses. Elles sont simplement des modes, qui rencontrent 
      toujours une résistance initiale et qui bientôt s’imposent (...) Au 
      scandale de beaucoup, il s'est imposé en Espagne, comme dans le reste de 
      l'Europe, le fameux 'topless', aussi bien à la plage qu'à la piscine. 
      C'est la nouvelle mode (...) Nous ne sommes ni pour ni contre» (17/6/84). 
      Un chroniqueur important de ce même journal, Antonio Burgos, n'hésite pas 
      à parler de «l'avancée sociale, culturelle et même, permettez-moi de le 
      dire, idéologique et religieuse, que marque justement pour nous le 
      'topless'». II ajoute : «Avec tout le respect pour ces saints hommes, 
      j'ose à peine imaginer ce qu'auraient dit les cardinaux Segura ou Pildain 
      s'ils avaient connu cette époque. Non, l'épiscopat aujourd'hui ne se 
      soucie plus de ces questions. L'Espagne non plus (...) Progresser, c'est 
      perdre la capacité de s'étonner» (ABC, 22/7/85). 
      
      
      
      [41] PSOE, 
      Resoluciones - XXIX Congreso del PSOE, 1981, pp . 217-218. 
      
      
      
      [42] Cf. 
      Liberacion, 15/12/84. 
      
      
      
      [43] Ibid., 
      6/12/84. 
      
      
      
      [44] Cf. El Pais, 
      6 et 8/2/87. 
      
      
      
      [45] El Pais 
      semanal, 2/3/86. 
      
      
      
      [46] La résolution 
      du XXIXème Congrès du PSOE sur les «mouvements sociaux» affirme : «Les 
      organisations de défense des consommateurs, de pacifistes, d'écologie, 
      féministes, associations de quartier, d'homosexuels (...) associations de 
      droits de l'homme, etc. (...), constituent diverses formes de lutte 
      revendicative. (...) Elles cherchent leur solution dans un nouveau type de 
      société et dans la perspective d'une révolution de la vie quotidienne. 
      Elles apparaissent comme des mouvements dont les limites ne sont pas 
      données par la lutte revendicative. Elles se situent dans le cadre de 
      transformations profondes et radicales de la société». Le PSOE doit mener 
      une politique de soutien aux mouvements sociaux et «s'engage à les 
      impulsionner et à les développer» (pp. 201, 203, 205). Lors du Congrès 
      Extraordinaire de 1979, le PSOE s'est engagé à favoriser «la participation 
      populaire et le protagonisme des collectifs marginalisés et subordonnés», 
      dont celui des homosexuels (p. 16). 
      
      
      
      [47] El Pais, 
      7/5/86. 
      
      
      
      [48] Manuel 
      Vincent fait l'éloge du noir dégradé par la barbarie tribale. Mais il est 
      évident qu'il ne verrait pas avec sympathie celui qui, sanctifié par la 
      pratique des Commandements de Dieu, arriverait à un haut degré de 
      civilisation. L'Eglise, bien au contraire, vénère comme saints 
      d'innombrables noirs. 
      
      
      
      [49] Alfonso 
      Guerra a déclaré aux dirigeants et intellectuels du PSOE, lors de la Ière 
      Rencontre de Javea, en septembre 1985: «Le marxisme a cessé d'être un 
      texte idéologique clair (...) De même ont cessé de l'être les conceptions 
      économiques collectivistes. 
      Je me réfère aux 
      nationalisations» (Alfonso Guerra y otros, El futuro del socialismo, Ed. 
      Sistema, Madrid, 1986, p. 14). 
      
      
      
      [50] R.G. 
      Cotarelo, «le Modèle de Société», in Alfonso Guerra y otros, El futuro del 
      socialismo, p. 169. 
      
      
      
      [51] Ignacio 
      Sotelo, «Socialisme et Culture», in PSOE, Propuestas Culturales, Mañana Ed., 
      Madrid, 1978, p. 28. 
      
      
      
      [52] «Si nous 
      passons à un deuxième niveau, qui serait la réflexion et la stratégie pour 
      incorporer la protection des droits fondamentaux dans les perspectives 
      socialistes, cela suppose à mon sens une double tâche : d'abord une tâche 
      pour défondamentaliser et écarter certains droits (...) comme le droit de 
      propriété et les libertés de commerce ou d'industrie. A travers cette 
      tâche, et au rythme où nos forces stratégiquement étudiées le permettront, 
      il faudrait aller progressivement vers une propriété sociale ou étatique 
      des moyens de production» (Gregorio Peces-Barba, «Socialisme et Etat de 
      Droit», in Felipe Gonzalez y otros, Socialismo es libertad - Escuela de 
      Verano del PSOE, 1976, Edicusa, Madrid, 1976, pp. 124-125). 
      
      
      
      [53] Comentario sociologico, 
      juil-déc. 1984, pp. 699-700. 
      
      
      
      [54] Sur ce point 
      également, le socialisme contredit frontalement la doctrine sociale 
      catholique, qui affirme la prépondérance du caractère personnel de la 
      propriété : «Le droit de propriété, pour l’individu et pour la famille, 
      découle immédiatement de la nature de la personne, droit, par conséquent, 
      lié à la dignité de la personne humaine, qui comporte, certes, des 
      obligations sociales, mais qui ne se réduit pas à une fonction sociale» 
      (Pie XII, «Radiomessage au Katholikentag de Vienne», 14/9/52, Discorsi e 
      Radiomessagi, vol. XIV, p. 314). 
      
      
      
      [55] Sur la 
      réforme agraire andalouse, voir par exemple la loi du 3/7/84, art. 15, 19, 
      21, 28, 36-39, 42-44, et l'étude de José Maria Sumpsi, «Structures 
      agraires et politique de réforme», in Pensamiento Iberoamericano, n° 8, 
      juil-déc. 1985, pp. 247, 248, 255-257. Sur la réforme agraire en 
      Estrémadure, voir la loi 1/1986 du 2 mai sur l'élevage, art. 13-25, 30, 
      annexe II; loi 3/1987 sur les terres d'irrigation, art. 10-12, 24-29. Sur 
      la réforme agraire aragonnaise, voir la loi 3/1987, du 10 mai, art. 4-7, 
      16, 19, 22, 23. 
      
      
      
      [56] Cf. loi 
      29/1985, art. 50, 57. Dispositions Transitoires n° 1, 2 et 3. 
      
      
      
      [57] PSOE, 
      Resolucion Politica del Congreso Extraordinario, 28-29/9/79, p. 1-2. 
      
      
      
      [58] Cinco 
      Dias, 17/1/86; El Pais, 14/1/86. 
      
      
      
      [59] 
      Tecnicas y Cuadros, février 1986, p. 13. 
      
      
      
      [60] TFP-Covadonga 
      n'a jamais vu dans le régionalisme en tant que tel un facteur de 
      démembrement de l'Espagne, mais au contraire une condition de l'organicité 
      de l'unité nationale. Une nation qui prétendrait établir son unité par 
      l'anéantissement de ses particularités régionales attenterait contre la 
      source même de sa vitalité. 
      
      
      
      [61] Les 
      résolutions du XXVIlème Congrès du PSOE, de décembre 1976, qui ont servi 
      de programme officiel pour la participation socialiste à l'élaboration de 
      la Constitution, affirment : «Le PSOE, dans sa perspective 
      autogestionnaire, estime nécessaire de mettre en pratique une stratégie 
      tendant à préfigurer les institutions politiques qui serviront à gérer la 
      société socialiste. Dans ce sens, la lutte pour les libertés des 
      nationalités et régions s'insère dans notre politique pour l'autogestion 
      de la société (...) Le PSOE préconise l'instauration d’une République 
      fédérale, intégrée par tous les peuples de l'Etat espagnol (...) dans un 
      cadre constitutionnel ouvert» (p. 128). 
      
      
      
      [62] Apud 
      Angel Palomino, «La vida cotidiana», in Rafael Abella y otros, España diez 
      anos después de Franco (1975-1985), Planeta, Barcelone, 1986, p. 201. 
      
      
      
      [63] Cf. 
      Parti Nationaliste Basque (PNV), Planteamientos Politico, Socio-Economico 
      y Cultural, Documentos de la Asamblea Nacional, mars 1977, pp. 11, 13, 53, 
      54. Le PNV prévient 
      que «le peuple basque ne doit pas succomber à la tentation de vouloir se 
      donner une structure étatique caduque et dépassée», mais il doit lutter 
      «pour un Etat basque autonome qui soit une entité politique progressive», 
      avec des «modèles de production de plus en plus démocratiques et 
      participatifs» (op.cit., pp. 47, 49). 
      
      
      
      [64] La 
      Vanguardia, 9/5/87. 
      
      
      
      [65] Cf. El 
      Alcazar, 10/8/86; El Pais, 13/8/86; Ya, 9/8/86 et 14/8/86. 
      
      
      
      [66] ABC, 
      9/3/86. 
      
      
      
      [67] 
      Leviatán, n° 28, 1987, pp. 54-57. 
      
      
      
      [68] ABC, 
      26/2/84. 
      
      
      
      [69] Politique 
      aujourd'hui, numéro hors-série, 1985, pp. 43-45. Corroborant les 
      affirmations de Manuel Azcarate, Mano Onaindia, secrétaire général de 
      Euskadiko Ezquerra (parti séparatiste basque), s'est prononcé en faveur de 
      la constitution d'une Europe des peuples, «une nation européenne où tous 
      nous ayons notre place», qui ne finisse pas au «rideau de fer» (Diario 16, 
      27/5/87). 
      
      
      
      [70] ABC, 
      9/7/86; 12/7/86; 16/7/86; El Alcazar, 9/7/86; 17/6/86; 22/7/86; El Pais, 
      9/7/86; Ya, 17/7/86. 
      
      
      
      [71] La troupe de 
      théâtre Els Comediants, qui a écrit et joué la pièce Di-monis, a reçu le 
      Prix National de Théâtre de 1983, décerné par le Ministère de la Culture 
      (cf. El Alcazar, 18/5/84). Par ailleurs, de nombreuses municipalités et 
      organismes publics lui accordent soutien logistique et financement. 
      
      
      
      [72] El Publico, 
      octobre 1983, pp. 5 et suivantes. 
      
      
      
      [73] Selon un 
      enregistrement sur bande magnétique effectué durant une représentation à 
      Grenade. 
      
      
      
      [74] Apud 
      Ya, 15/5/84. 
      
      
      
      [75] Cf. 
      note 73. 
      
      
      
      [76] Cf. 
      ABC, 31/5/87; El Alcazar, 10/3/87; El Dia, 6/8/86; El Pais, 28 et 
      30/10/85; 6 et 8/8/86; El Publico, octobre 1986, pp. 45-47. 
      
      
      
      [77] El Pais, 28 
      et 30/10/85. 
      
      
      
      [78] ABC, 22/4/84. 
      
      
      
      [79] Ibid. 
      
      
      
      [80] 
      Cuadernos de El Publico, n° 4, mai 1985, p. 71. 
      
      
      
      [81] El Pais, 
      2/6/86. 
      
      
      
      [82] El Pais, 
      1/7/86. 
      
      
      
      [83] ABC, 
      4/5/86. 
      
      
      
      [84] ABC, 
      27/9/86, 21 et 31/10/86, 2/8 et 11/11/86. 
      
      
      
      [85] El 
      Alcazar, 21/8/86; El Dia, 19, 21 et 26/8/86; Iglesia en Zaragoza, 
      12/10/86. 
      
      
      
      [86] El 
      Alcazar, 14/8/85. 
      
      
      
      [87] ABC, 
      4/1/85. 
      
      
      
      [88] El 
      Alcazar, 13/4/85; Catalunya Cristiana, 21 à 27/4/85. 
      
      
      
      [89] El 
      Alcazar, 13/4/84. 
      
      
      
      [90] El Dia, 
      17/11/84. 
      
      
      
      [91] El 
      Alcazar, 4/5/85. 
      
      
      
      [92] BOE, 
      4/5/84; El Pais, 20/11/84. 
      Voir aussi BOE, 3 et 4/5/83. 
      
      
      
      [93] ABC, 
      23/10/83; El Alcazar, 30/10/83 et 25/7/84. 
      
      
      
      [94] ABC, 20/3/84 
      et I2/4/84; El Alcazar, 20/3/84; El Pais, 17/3/84 et 20/3/84. 
      
      
      
      [95] ABC, 18/6/86 
      et 23/7/86. 
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