Plinio Corrêa de Oliveira

 

 

Chapitre XI
 
La Révolution, le péché et la Rédemption - l'utopie révolutionnaire

 

 

 

 

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Révolution et Contre-Révolution

Titre original: Revolução e Contra-Revolução

Publié dans Catolicismo, São Paulo, Brésil, Avril 1959 (I et II), Janvier 1977 (III)

Edité par la Société Française pour la Défense de la Tradition, de la Famile et de la Propriété - TFP

2, avenue de Lowendal 75007 PARIS

Dépôt légal : 4ème trimestre 1997

ISBN: 2-901039-24-3

Parmi les multiples aspects de la Révolution, il est important de souligner qu'elle pousse ses enfants à sous-estimer ou à nier les notions du bien et du mal, du péché originel et de la Rédemption.

 

1. La Révolution nie le péché et la Rédemption

Comme nous l'avons vu, la Révolution est fille du péché. Mais si elle le reconnaissait, elle se démasquerait et se retournerait contre sa propre cause.

Voilà pourquoi la Révolution tend non seulement à passer sous silence la racine pécheresse dont elle est issue, mais aussi à nier la notion même de péché. Cette négation radicale concerne aussi bien la faute originelle que le péché actuel, et s'effectue principalement:

* par des systèmes philosophiques ou juridiques qui nient la validité et l'existence de toute loi morale, ou lui donnent les fondements vains et ridicules du laïcisme.

* par les mille procédés de propagande qui ont créé dans la multitude un état d'âme où il est fait abstraction de la morale sans affirmer directement qu'elle n'existe pas, et où toute la vénération due à la vertu est attribuée à des idoles comme l'or, le travail, l'efficacité, le succès, la sécurité, la santé, la beauté physique, la force musculaire, la jouissance des sens, etc.

C'est la notion même de péché, la distinction entre le bien et le mal que la Révolution détruit chez l'homme contemporain. Et elle nie, ipso facto, la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ qui, sans le péché, devient incompréhensible et perd toute relation logique avec l'Histoire et la vie.

 

2. Exemple historique: négation du péché dans le libéralisme et le socialisme

A chacune de ses étapes, la Révolution chercha à sous-estimer ou nier radicalement le péché.

 

A. La conception immaculée de l'individu

Dans sa phase libérale et individualiste, la Révolution enseignait que l'homme est doué d'une raison infaillible, d'une volonté forte et de passions sans dérèglements. De là une conception de l'ordre humain dans lequel l'individu, considéré comme un être parfait, est tout, et l'État rien ou quasi rien, constituant seulement un mal nécessaire... ou provisoirement nécessaire. L'on estimait à cette époque que l'unique cause de toutes les erreurs et de tous les crimes était l'ignorance. Ouvrir des écoles, c'était fermer des prisons. Le dogme fondamental de ces illusions était la conception immaculée de l'individu.

Pour se défendre contre les abus possibles de l'État et pour empêcher la formation de factions qui enlèveraient au libéral la direction de la chose publique, les grandes armes étaient les libertés politiques et le suffrage universel.

 

B. La conception immaculée des masses et de l'État

Ce qu'il y a de faux dans cette conception était déjà devenu évident, en partie du moins, au siècle dernier. Mais la Révolution ne recula pas. Au lieu de reconnaître son erreur, elle lui en substitua une autre: la conception immaculée des masses et de l'État. Les individus ont tendance à l'égoïsme et peuvent se tromper, mais les masses voient juste et ne se laissent jamais conduire par les passions. Leur moyen d'action impeccable est l'Etat; leurs moyens d'expression infaillibles sont soit le suffrage universel dont découlent les parlements imprégnés de pensée socialiste, soit la volonté forte d'un dictateur charismatique, qui dirige toujours les masses vers la réalisation de leur volonté.

 

3. La Rédemption par la science et par la technique : l'utopie révolutionnaire

Qu'elle place toute sa confiance dans l'individu considéré isolément, dans les masses ou dans l'Etat, c'est de toute façon en l'homme que la Révolution se fie. Se suffisant à lui-même grâce à la science et la technique, celui-ci peut résoudre tous ses problèmes, éliminer la douleur, la pauvreté, l'ignorance, l'insécurité, etc., enfin tout ce que nous appelons effets du péché originel ou actuel.

Un monde dans lequel les nations, fondues en une seule République Universelle, ne seraient que des termes géographiques, un monde sans inégalités sociales ni économiques, dirigé par la science et la technique, par la propagande et la psychologie, pour réaliser, sans le surnaturel, la félicité définitive de l'homme: voilà l'utopie vers laquelle la Révolution nous achemine.

La Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ n'aura aucun rôle dans ce monde. Car l'homme aura surmonté le mal par la science et aura transformé la terre en un "ciel" techniquement délicieux. Par le prolongement indéfini de la vie, il espérera vaincre, un jour, la mort.

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